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Aux Arts Citoyens ! ''La résistance passera par l'art et la culture''

Aux Arts Citoyens ! Les attentats de Paris se sont aussi déroulés dans un lieu de Culture. Un lieu où la pensée prend forme, un lieu qui est à l'opposé de ce qu'est le terrorisme. "La résistance passera par l'art et la culture", nous confiait Macha Makeïeff.

Publié par Redac . le 17/11/2015 - Modifié le 13/11/16 11:21
Aux Arts Citoyens ! ''La résistance passera par l'art et la culture''

Un an après l'attentat de Paris, nous rediffusons notre dossier publié en novembre 2015 autour de la place de la culture face au terrorisme qui reste d'actualité.

Culture et terrorisme. Deux notions antinomiques qui se sont rencontrées vendredi soir à Paris. Le terrorisme enseigne la terreur la vision unique et divise, la Culture ouvre la pensée, crée du lien et est la représentation de l’intelligence multiple. Deux mots chargés de sens, lourds d’histoire, qui ne peuvent cohabiter.

"La culture n'est pas un luxe, mais une nécessité vitale" Charles Berling

De tous temps les organisations de la pensée unique, terrorisme ou même totalitarisme, se sont attaquées à la culture. Et cela n’est pas anodin. Ce n’est pas pour détruire le passé ou pour détruire l’objet, du moins pas uniquement, mais c’est bien pour abattre des outils qui fabriquent et communiquent de la pensée. Qui la conçoivent de concert, qui la questionnent et la remettent constamment en cause. En massacrant les œuvres d’art du musée de Mossoul, c’est le savoir qu’ont détruit les armées de l’organisation Etat Islamique. C’est l’Histoire collective qu’elles renient, mais c’est surtout l’espoir de croire différemment qu’elles abolissent. En attaquant le Bataclan et les terrasses, c'est à la joie et aux hommes que les terroristes s'en prennent, c'est "à la dimension de la culture dite au quotidien, à la façon d’être ensemble, de manger ensemble de vivre ensemble" (Thierry Fabre, MuCEM) mais c'est aussi à un outil de construction de pensée. 

« L’art est la seule transcendance qui n’est pas religieuse, c’est très important », nous confiait Charles Berling. Et effectivement ça l’est. Où trouver ce dépassement si la culture est détruite ? Dans la religion bien sûr, ce qui n’est pas un mal, à condition qu’elle ne soit pas la seule issue, à condition qu’elle ne soit pas véhiculée par des extrêmes."Je considère que la culture n'est pas un luxe, mais une nécessité vitale", revendique Charles Berling. Car oui, aller au théâtre, au cinéma, au musée, à un concert, ce n’est pas regarder des « saltimbanques » (Charles Berling), c’est se prémunir contre l’obscurantisme, se protéger contre la pensée unique, et par extension contre les extrêmes.

« Il y a des brèches, et ils essaient de faire passer la brèche à la faille, et la faille au gouffre. » analyse Thierry Fabre, responsable du département du développement culturel et des relations internationales du MuCEM . Et si l’art et la culture ne sont pas des héros, ils construisent, et c’est particulièrement le cas du MuCEM, des convergences. Ils laissent circuler les idées, créent des ponts entre les cultures et d’une certaine manière aident à combler ces failles.

L'idée n'est pas de créer une nouvelle victime, de victimiser cette culture, mais de bien comprendre qu'elle détient peut être des clés. Les clés du "vivre ensemble", les clés de la lutte contre les frontières. L'objectif même "de ce radicalisme, djihadisme destructeur est d'ériger des frontières" (Thierry Fabre), de diviser, "de tuer ce rapport à l'ouvert". "La meilleure façon de leur répondre, c’est d’être encore plus solidaire et de construire des convergences. Ce qui fonde le vivre ensemble c’est le symbolique. Et ça ça passe par des formes culturelles."(Thierry Fabre)

En tant que producteurs de pensée, les lieux culturels sont-ils investis d'une mission ?

La France a été durement touchée ce vendredi 13 novembre. Au travers de ce drame, c'est aussi un lieu culturel qui a été attaqué. Une valeur de la République et de la démocratie qui a été bafouée. Musées, théâtre, salles de concert ne sont pas uniquement des lieux de loisir. Ce sont aussi des faire-valoir, des valeurs démocratiques, des garants de la Liberté, des Institutions de la République, des lieux de pensée. En tant que tels, les acteurs culturels ont-il une mission particulière ?  Bien entendu. Et que ce soit du côté de Charles Berling, directeur du Théâtre Liberté, ou de Macha Makeïeff, directrice du Théâtre de la Criée, on en est convaincu.

"Nos maisons sont des maisons de réflexion et d’intelligence, mais toujours avec l’idée d’une intelligence menée par une pensée. On n'est pas des lieux de parole pour être des lieux de parole. On est des lieux de confrontation des idées." a ainsi affirmé Macha Makeïeff avec force et conviction. "Je le pense profondément et totalement sans aucunes restrictions. Je ne le pense pas maintenant, j’ai été élevé là dedans. Vilar, Malraux et tous ces mecs là de la décentralisation ont fabriqué des outils dont j’ai hérité. Et ces outils sont toutes ces valeurs : C’est quoi une société ? C’est quoi vivre ensemble ? C’est quoi ces endroits d’art et de culture qui sont là pour faire en sorte qu’on n’en vienne pas aux mains ?", nous a conté Charles Berling avec émotion.

C’est quoi une société ? C’est quoi vivre ensemble ?

C'est ce que questionnent ces lieux culturels, c'est ce qu'ils enseignent aussi. C’est ce qu’ils véhiculent depuis toujours et c’est ce qu’ils continueront de véhiculer. " On a rarement vu l’art conduire au fanatisme", clame Charles Berling. C’est vrai et c’est pourquoi il faut le valoriser comme un outil. Comme une autre voie de transcendance, comme une échappatoire. Les tragiques événements de vendredi rappellent qu’il faut absolument donner les moyens indispensables au développement de cette arme pacifique et si nécessaire. « La résistance passera par l’art et la culture », tout est dit dans cette affirmation de Macha Makeïeff.

Le mot de la fin revient à Napo Romero, ancien guitariste de Mano Solo qui participe au projet les Hurlements d'Léo chantent Mano Solo : "Par rapport aux événements la meilleure démarche c’est de jouer. De jouer devant du monde, que les gens ne soient pas effrayés de venir à des concerts. Que même si on doit se faire péter la gueule on sera là quand même, parce qu’on ne peut pas céder à cette parano là. Si on arrête de sortir et de vivre ensemble, ils auront gagné et ça c’est intolérable. On ne peut pas les laisser gagner."

Artistes, musée, théâtres... La parole à quatre acteurs culturels 

 





 

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