Le MuCEM fête ses trois ans cette année et confirme sa position incontournable parmi les lieux touristiques provençaux. La CCI Marseille Provence, Bouches du Rhône Tourisme et le MuCEM ont réalisé une étude pour tenter de calculer l'impact réel du musée dans l'économie locale. Un exercice complexe qui a été réalisé à partir de données chiffrées, comme les entrées au musée ou le budget de fonctionnement, mais aussi à partir de sondages et d'interpolations réalisés sur les visiteurs du MuCEM et dans toute la France.
L'étude porte sur l'année 2015, "une année qui n'a pas été une année exceptionnelle" reconnait Jean-François Chougnet, le directeur du MuCEM. "Nous avons subi le contrecoup des événements de 2015" explique t'il parmi les différents facteurs qui ont expliqué la baisse de fréquentation cette année là.
Selon l'étude, le MuCEM a contribué à hauteur de 129,4 millions d'euros dans l'économie locale en 2015 et généré l'équivalent de 814 emplois.
Dans le détail, il faut distinguer la contribution directe du MuCEM de 11M€ ( emplois au musée, achats divers auprès de prestataires locaux...) et tout l'impact indirect : hôtels, voyagistes, économie du tourisme boostée par l'arrivée du MuCEM.
"C'est un forminable levier pour ce territoire ! Une alliance réussie entre les acteurs du monde culturel et économique" Jacques Pfister, Président de la CCI Marseille Provence.
Car, au delà de ces retombées économiques, l'étude confirme que le MuCEM encourage les touristes à venir visiter la région. Aujourd'hui, le MuCEM est devenu une réelle locomotive du tourisme à Marseille. Par exemple, l'étude montre que pour les touristes français, le MuCEM est désormais cité avant Notre Dame de la Garde quand on leur demande un lieu culturel en région.
Des chiffres qu'il faut tout de même pondérer. A ce jour, les trois quarts des Français ne connaissent pas encore le MuCEM, et on trouve même encore 10% des habitants des Bouches du Rhône qui ignorent son existence. Mais globalement, la notoriété du MuCEM est très bonne auprès des touristes. Le musée contribue dans 58% des cas à encourager la venue à Marseille ou en Provence. 16% des touristes interrogés dans cette étude sont même venus à Marseille avec la motivation principale de visiter le musée. Un chiffre dont peu de lieux culturels peuvent se targuer.
Le MuCEM, un lieu d'exposition ou un lieu à visiter ?
1.500.000 visiteurs en 2015 c'est un très bon score, mais seulement un tiers de ces visiteurs sont rentrés dans les expositions payantes du musée. Le MuCEM est un lieu magnifique avec sa partie moderne qui contraste avec le Fort St Jean entièrement rénové. Dès son ouverture, c'est devenu un lieu de balade incontournable pour toute escale à Marseille. "Ce ne sont pas de badauds, il ne faut pas faire de distinguo avec d'un côté les «crétins» qui visiteraient uniquement le lieu et les «intellos» qui rentreraient dans les expositions" explique Jean-François Chougnet. "Les primo-visiteurs sont aussi souvent surpris par la grandeur des lieux".
Le MuCEM est-il rentable ?
Cette étude sonne aussi comme une forme de réponse à la Cour des Comptes qui avait vivement critiqué le MuCEM en 2015 pour son ouverture. Elle pointait le coût des travaux mais aussi son budget de fonctionnement. Un équilibre économique qualifié de "fragile" dont cette étude veut prouver que ce n'est pas la cas. Le budget de fonctionnement du MuCEM est de 24,4 M€ qui se justifie par les 129,4 M€ de retombées économiques pour le territoire.
"Le succès du MuCEM est directement lié à son tempérament." Rudy Ricciotti
"Tout se qui permet de ramener de l'argent sur le territoire marseillais est salutaire" explique Rudy Ricciotti. "C'est un retour dans la micro économie, ça c'est un vrai message politique ! Aujourd'hui, le bâtiment a été entièrement remboursé. C'est une forme de redistribution de la richesse" explique l'architecte.
Picasso, star de l'été 2016 ?
En 2016, le MuCEM espère bien retrouver un rythme de croissance. Outre l'attrait du lieu, le musée a fait le pari de l'exposition événement sur Picasso avec pour ambition d'y accueillir 200.000 visiteurs d'ici la fin du mois d'août.
Jacques Pfister : "on va revenir avec une vraie offre et on va séduire nos collectivités"
Quel bilan portez vous sur le MuCEM et de manière élargie sur Marseille Provence 2013 aujourd'hui ?
Il y a eu un héritage de 2013 qui est surtout dans le bâti. Il n'y a pas eu que le MuCEM, il y a aussi les musées de Marseille, mais aussi des offres à Aix qui se sont d'un coup retrouvées rehaussées. C'est le premier point, un héritage formidable. Et puis cette modernité nouvelle qui s'affiche autour de Marseille grâce au MuCEM.
Il y a eu, comme dans toutes les capitales européennes de la culture, une sorte de coup de mou. Derrière cette mobilisation des acteurs culturels, ont dit qu'il fallait continuer. Mais non, ça retombe parce qu'il y a des budgets exceptionnels, en dehors du bâti qui ont été mis sur la table. Et après, il faut trouver les relais.
On est en train de retrouver une envie du coté du monde économique, et du coté des acteurs culturels pour repartir sur de nouvelles aventures culturelles.
Cela passe par exemple par cette biennale de l'art contemporain ?
C'est un élément qui vient en plus pour la Ville de Marseille et qui est très intéressant. Non, je pense que l'idée c'est que pour nous, les acteurs culturels de la métropole ont besoin de la métropole. Ils ont envie de travailler ensemble. Et la métropole pour se construire aura besoin d'acteurs culturels qui vont travailler ensemble. Ils sont demandeur de le faire, et donc on va revenir avec une vraie offre et on va séduire nos collectivités, puisque sans eux, on ne peut rien faire. On avance !