Les 24 et 25 juillet, ce sont les sites exceptionnels du Cap Taillat et du Cap Lardier qui partaient en fumée. Place à l'heure de la réflexion et de la restauration tout en renforçant la sensibilisation.
Situés sur la Presqu’île de Saint-Tropez, le Cap Taillat et le Cap Lardier sont des sites classés et inscrits : NATURA 2000, zones naturelles d'intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), ils font également partie de la zone d'adhésion du Parc national de Port-Cros.
Tous les ans, ce sont près de 350 000 personnes qui viennent sur ces sites exceptionnels en emprutant le sentier du littoral qui part de la Croix Valmer jusqu'à Saint-Tropez.
Ce territoire parti en fumée représentait incontestablement l'une des plus belles parties du littoral varois. Il faut à présent tourner la page et protéger cette zone pour l'avenir.
Trois axes prioritaires ont été établis :
- information au travers de la sensibilisation et de la prévention,
- mise en sécurité de la zone incendiée pour une meilleure restauration naturelle
- lutte contre l'érosion des sols.
Toutes ces démarches ont un coût non négligeable. C'est pour cette raison que dès le 28 juillet, le CEN PACA et le Parc national de Port Cros ont lancé un appel aux dons au travers de l'opération "Ensemble, restaurer les Cap Taillat et Cap Lardier".
Parallèlement l’Etat au travers de Nicolas Hulot, ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire, a décidé de s’engager aux côtés des acteurs locaux par une aide financière.
"La préfecture du Var leur donne déjà de l’argent et des subventions ou de l’ingénierie et de l’aide déjà intellectuelle et puis là on vient également avec une aide d’urgence pour ce mois d’août de 165 000€ répartie sur les 3 grands acteurs qui agissent ici justement pour travailler sur : information, mise en sécurité et lutte contre l’érosion" a notamment annoncé Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès du Ministère d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire.
Davantage de communication pour sensibiliser le public en amont
Le Parc national de Port Cros a renforcé la sensibilisation et la prévention sur les Iles d'Hyères, Porquerolles et Port Cros, une semaine après la vague d'incendie de La Croix Valmer et de Bormes.
« A Porquerolles, le dispositif est fondé sur la prévention des incendies. On a renforcé les mesures d’informations des gens à l’embarquement dans les vedettes de façon à les informer des jours où les massifs sont fermés, à la fois sur le rappel des interdictions de fumer dans les massifs qui sont toujours valables mais aussi sur les jours de fermeture des massifs. Ces jours là, les seuls chemins qui sont autorisés et qui sont ouverts au public vers le nord de l’île et vers les plages. C’est très important que ces dispositions soient respectées. Sur des îles notre dispositif de lutte contre les incendies est essentiellement basé sur les moyens aériens.» explique Marc DUNCOMBE, directeur du Parc National.
Surveiller et intervenir immédiatement
Plus globalement, sur l’ensemble du département du Var, le système de surveillance des massifs se fait par patrouilles et des vigies. Ils sont la plupart du temps composés de personnes de l’Office National des Forêts, des comités des Feux de Forêt et des pompiers du SDIS.
Une cinquantaine de patrouilles couvre l’ensemble du département durant les mois de juillet et d’août et permettent d’intervenir sur les feux de forêt naissants.
Ces patrouilles ont prouvé leur efficactié durant cette semaine exceptionnelle. Alors que les pompiers luttaient contre six gros foyers en PACA, eux, ils ont permis d'eteindre immédiatement 58 départs de feu qui se sont produits chaque jour les 24 et 25 juillet.
Protéger les zones incendiées
Sur les zones incendiées, deux actions sont désormais mises en place : sécurisation pour les promeneurs et lutte contre l'érosion avant les gros orages de l'hiver.
En ce mois d’août, il est prévu trois journées où vont être associés les bénévoles et la population locale pour le nettoyage de l’ensemble du site (Mercredi 16 août, mercredi 23 août 2017 et le mercredi 30 août 2017. Inscription via emmanuelle.torres@cen-paca.org ou 04 42 20 03 83)
Dès le mois de septembre, des travaux d’urgence de mise en sécurité du sentier du littoral vont avoir lieu. Jusqu'à présent c'était souvent la végétation elle même qui servait de cloisonnement naturel du sentier. Aujourd'hui il est urgent d'enlever les arbres calcinés qui menacent de tomber.
Il faut aussi lutter contre l'érosion du sol due à la forte quantité d'eau répandue pour éteindre le feu mais surtout avec l'arrivée des pluies à l'autonme. Le risque est qu'il y ait des glissements de terrains et qu'ainsi la terre perdent ses minéraux essentiels à une restauration naturelle. Pour la lutte contre l'érosion il est prévu de mettre soit des micros barrières en matière naturelle qui créent des terrasses permettant ainsi de bloquer les sédiments et les graines, soit de mettre des filets coco qui ont une grosse résistance à l'eau et qui accélèrent un redémarrage de la végétation.Suite à celà, il sera installé la pose de ganivelles ou casse-pattes le long des sentiers pour éviter le piétinement dommageable.
Le retour des pâturages comme pare feu naturel
Du côté des maires, on cherche aussi des solutions pour mieux protéger la forêt. Bernard Jobert, le maire de la Croix Valmer souligne le fait qu'il n'y ait aucune barrière naturelle entre les zones habitées et la partie protégée par le convervatoire du littoral. "Qu'est-ce qu'on peut faire pour réhabiliter la forêt ? " Il émet l'idée de "créer des zones de paturage, ou la mise en place d'un étang voire des cultures (vignes, oliviers)". Ces actions permettraient de concilier une protection de l'environnement et un appui réel en cas d'incendie. Dans la plupart des cas, les zones de culture forment d'excellents pare feu.
"Il faut faire confiance à la force de la nature"
Marc DUNCOMBE, directeur du Parc National de Port-Cros.
Les zones parcourues par le feu sont-elles complètement détruites ?
Le feu est passé plus ou moins vite dans des boisements plus ou moins marqués. On a des arbres totalement grillés où il n’y aura plus de reprises de végétations, on en a qui sont brunis donc dans ce cas là il faut attendre de voir. D'autres arbres ont gardé le pied vert où on a quelques chances de reprise. Il faut une période d’observation et de faire confiance à la force de la nature et d'avoir des solutions d'interventions qui sont plutôt basées sur la nature.
Y a t'il des espèces qui résistent mieux au feu ?
Les espèces méditerranéennes les mieux adaptées au feu aujourd’hui sont les chênes lièges, c’est un feuillu. Le liège qui est autour du tronc créé un dispositif de protection thermique qui fait que la chaleur rentre moins à l’intérieur des vaisseaux du bois et fait moins brûler le bois dans l’intérieur. C’est seulement un retardant, ce n’est pas quelque chose qui effectivement protège totalement du feu mais ça retarde beaucoup la chaleur. C’est très efficace quand on a des feux qui passent rapidement comme celui qu’on a eu avec ces vents de 100km/h.
Il y a d’autres plantes qui ont totalement une autre stratégie : Si vous prenez le pin d’Alep, sa résine a flambée très vite mais, par contre, on va avoir un phénomène de montée à graines beaucoup plus important dans les années qui suivent pour les arbres qui restent. Avec le vent, ces graines vont pouvoir se disperser sur une partie beaucoup plus importante du site donc c’est aussi une adaptation au feu mais avec des stratégies assez différentes.
Quelle stratégie adopter ?
On travaille sur des mécanismes fondés sur la nature qui permettent effectivement d’accompagner les phénomènes de recomposition naturelle et ses écosystèmes. Nous observons ce qu’il se passe et nous l'accompagnons : en supprimant les plantes exotiques envahissantes, en évitant le piétinement et en faisant un certain nombre d’opérations qui permettent aux écosystèmes de revenir plus rapidement.