C’est un monument historique exceptionnel à tous les sens du terme. Splendide et incontournable dans la carte postale de Marseille, mais aussi exceptionnellement compliqué à aménager. Depuis plusieurs années, la ville de Marseille cherche un locataire susceptible d’aménager le fort tout en participant à sa rénovation.
Des appels à projets avaient déjà été soumis dans le passé sans obtenir de réponses satisfaisantes. L’histoire se répète. En 2017, une consultation a été proposée jusqu’au 28 août dernier, et deux offres ont été soumises à la ville. Elles n’ont été jugées satisfaisantes au regard des nombreuses contraintes imposées par la nature du bâtiment, entièrement protégé, et la volonté de la mairie d’en faire un lieu de culture ouvert au public. La ville devrait donc relancer ses consultations dans les semaines à venir.
Si la beauté du lieu fait l’unanimité, sa complexité et son état réduisent le champ de candidats potentiels.
Le fort est très grand (3 ha) et comporte plusieurs parties, Certaines sont entièrement rénovées d'autres sont très dégradées.
Au nord, au dessus du boulevard Charles Livon, les aménagements sont terminés. Des manifestations comme le festival Marseille Rock Island ont pu y être organisées dans le passé.
A l’intérieur, le fort est actuellement rénové par l’association Acta Vista et ses travailleurs solidaires. Environ un tiers de la partie centrale du fort est rénovée, une grande partie est donc encore en attente de travaux de sauvegarde. Certains espaces sont aujourd’hui fortement dégradés.
Grâce à cette association, c’est la partie ouest qui est aujourd’hui aménagée et parfaitement rénovée. Ses travaux de restauration permettent aujourd’hui d’imaginer des activités.
Cependant, l’accès à la citadelle reste un vrai problème. La mairie le reconnaît, le fort est une « île » au cœur de Marseille : Une montée abrupte côté Vieux Port, une impasse cachée derrière un hôtel, une desserte en transports en commun limitée et une offre de stationnement et de circulation régulièrement saturée. Le fort se mérite et limite, de fait, le nombre de ses visiteurs.
La configuration des lieux rend donc complexe l’implantation d’activités. Les projets d’aquarium et de grotte, un temps évoqués, sont définitivement abandonnés. La volonté de la mairie serait d’en faire un lieu culturel.
Les salles du fort peuvent aisément accueillir des expositions. La difficulté majeure reste leur petite taille et l’interdiction formelle de les modifier en raison du classement Monument historique du site. Mais c’est une contrainte existante à la Vieille Charité par exemple, ce qui ne l’empêche pas d’accueillir des expositions prestigieuses comme Picasso actuellement.
Un temps imaginé, le transfert du Musée d’Art Contemporain de Marseille dans le fort semble compromis : Difficile d’acheminer et d’y exposer des œuvres de grande taille.
Une autre piste serait d’y accueillir également des activités musicales et festives. Le festival Rock Island avait utilisé le lieu pour son festival electro rock (photos ci-dessous). Est-ce que la ville sera prête à transformer ce lieu historique en boîte de nuit ? D’autres festivals et associations pourraient aussi être intéressés pour des concerts classiques et jazz organisés dans la cours intérieure.
La cour intérieure du fort peut accueillir entre 600 et 800 personnes pour des concerts par exemple.
A la Seyne, c’est le choix de la ville avec le Fort Napoléon qui accueille des expositions dans ses salles et des concerts de jazz et de musique cubaine dans sa cour en été. Le Fort d'Entrecasteaux est cependant dix fois plus grand.
Plus proche, de l’autre côté du Vieux Port, c’est aussi le choix du Mucem qui a aménagé le Fort Saint Jean avec des lieux d’expositions et des événements régulièrement organisés sur l’esplanade.
Un choix qui semblerait évident mais dont le principal problème reste de trouver les financements.