L’organisation des Jeux Olympiques en France chamboule l’été des festivals. Les enjeux de sécurisation pour cet événement hors normes nécessitent de mobiliser un dispositif exceptionnel de forces de l’ordre qui ne seront moins présentes sur le territoire pour accompagner les autres événements.
En région Provence Alpes Côte d’Azur, l'été s'annonce très chargé: Il y aura des épreuves olympiques à Marseille, mais aussi le Tour de France et les célébrations du 80ème anniversaire de la Libération à la mi-août. Difficile donc de trouver des effectifs pour sécuriser les festivals, et tout particulièrement durant la période 'rouge' des Jeux Olympiques.
Dès 2023, les préfectures ont pris les devants, en informant les maires des conditions particulières pour cet été, avec une période sensible dès le 18 juillet jusqu’à la fin des Jeux Olympiques. S’il n’y a pas d’interdiction formelle d’organiser de grands événements, le message envoyé aux maires et organisateurs reste clair : "Il faut éviter les grands événements pendant les Jeux Olympiques, car il sera impossible de demander des renforts de police pour les sécuriser" nous confient plusieurs sources dans les préfectures du Var et des Bouches du Rhône.
Dans un contexte de plan vigipirate renforcés en raison des risques d’attentats, l’organisation de grands événements devient alors impossible ou tout au moins plus périlleuse concernant leur sécurité.
Au delà des festival, c'est un casse-tête à résoudre, car un département comme le Var est habitué à recevoir des renforts d'autres départements en été dans un contexte de population en forte augmentation.
"On fait nos propres renforts avec des policiers et gendarmes qui ne partirons pas en vacances." Philippe MAHÉ, Préfet du Var
"Les policiers et gendarmes n’auront pas de congés durant la période rouge, il y aura donc plus de gendarmes que les années habituelles, ils seront à 100% des effectifs, donc cela permettra de combler les effectifs, et notamment les CRS des plages" précise le Préfet.
Concrètement, les événements ne pourront pas bénéficier de moyens de police nationale ou gendarmerie supplémentaires pour assurer leur sécurité. Les événements maintenus pendant les Jeux Olympiques devront se sécuriser uniquement avec des vigiles privés et la police municipale.
C’est finalement ce qui se passe pour la plupart des événements de taille moyenne toute l’année. Mais pour les grands événements, avec plusieurs milliers de spectateurs, les forces de l’ordre nationales renforcent habituellement les effectifs locaux, avec une présence autour des événements et même parfois à l'intérieur. C’est un rôle de sécurisation, en facilitant la circulation et l’accès du public, mais aussi, une présence essentielle en cas de débordements du public. Ça a pu être le cas à Toulon par exemple, il y a deux ans, lors des concerts de TF1 pour éviter les intrusions dans un site déjà saturé. En renfort des effectifs de police municipale et des vigiles, la police nationale avait ainsi permis d’éviter des mouvements de foule.
Les forces de police nationale et gendarmerie interviennent régulièrement en prévention des risques, notamment drogues et alcool. Outre le volet répressif, c’est aussi un travail de prévention pour éviter que des personnes alcoolisées prennent la route, ou que des personnes en possession de drogue tentent d’abuser de victimes sur les festivals par exemple.
Si les Jeux Olympiques mobilisent énormément de forces de l’ordre, c’est aussi le cas pour les intermittents du spectacle. Régisseurs, techniciens, prestataires événementiels sont très sollicités et il devient plus compliqué pour les tournées d’artistes et les festivals de recruter les personnels techniques, du moins à des conditions acceptables.
A Marseille, le festival Jazz des Cinq Continents a pris la décision d’avancer cette édition bien en amont, avant même les recommandations de la préfecture de police. « Nous avons anticipé de nous même, pour éviter d’avoir à payer les hôtels pour les artistes deux fois le prix. La question de la présence des intermittents se posait aussi » explique Hugues KIEFFER, le directeur du festival.
C’est le cas par exemple du Festival de Ramatuelle.« En 40 ans, on n’a jamais annulé. Même pendant le Covid on a pu jouer. Nos spectateurs pourront voir les Jeux Olympiques en replay ! Et puis nous n’avons jamais eu le moindre problème de sécurité » soulignent Jacqueline FRANJOU et Michel BOUJENAH à la tête de l’événement. « La seule difficulté concernait la disponibilité de nos techniciens son et lumière, mais ils ont été fidèles. » Le Festival de Ramatuelle aura donc bien lieu à ses dates habituelles.
En termes de grands événements, seul le Kermesse Festival à la Seyne sur Mer fait figure d’exception. Il attend jusqu’à 10000 personnes par soir début août, en plein Jeux Olympiques et c’est le seul événement d’une telle jauge a être ainsi positionné et maintenu.
Pierre ABBATE, le directeur général de Chafadou Productions qui organise l’événement explique que jusqu’à 10.000 personnes par jour, il n’y a pas besoin de faire appel aux forces de l’ordre nationales pour encadrer l’événement. « Nous ne vendrons pas plus de 9.999 billets, pour éviter de dépasser ce seuil » et il souligne aussi que la sécurité de l’événement sera renforcée cet été, notamment pour améliorer l’expérience visiteurs, comme un temps réduit à l’entrée du site. Le festival n’a pas relevé de problèmes particuliers l’an dernier, avec un public plutôt adulte, entre 35 et 45 ans et un site fermé et sécurisé.
« Marseille ne sera pas une ville morte culturellement pendant les Jeux Olympiques. Il y aura bien la programmation de l’Été marseillais » Jean-Marc COPPOLA, l’élu en charge de la culture à Marseille
Il est certain qu’entre le 25 juillet et le 11 août, il ne se passera pas grand-chose d’important à Marseille à part les épreuves de voile des Jeux Olympiques.
Les mairies de secteurs vont cependant continuer à proposer des événements. C’est notamment le cas du festival « Les Rendez-vous du Lac » tous les jeudis dans le parc de Maison Blanche dans la mairie du 9/10. En centre ville aussi, la mairie du 1/7 proposera des événements ponctuels, mais dans de petits parcs et avec une jauge réduite. La mairie a d’ailleurs profité de cette année particulière pour rénover le Théâtre Silvain, sans aucune date cette année.
Sur la côte, les festivités d’été vont tout de même se dérouler presque normalement. De nombreux concerts gratuits ou payants seront proposés sur la côte varoise, mais avec des jauges raisonnables, rarement plus de 2000 personnes.
Pour les temps forts culturels de l’été, il faudra probablement faire des choix. La plupart vont donc se concentrer sur la première quinzaine de juillet, ou à la fin août, créant ainsi une sorte de concurrence non désirée par ces acteurs culturels.
Tous les directeurs de festival interrogés le redoutent: Ils se retrouvent en concurrence frontale cette année, là où habituellement, ils arrivaient, tant bien que mal, à s’organiser pour se partager le calendrier.
En juin
Marsatac – 14 > 16 juin
Festival de Marseille – 14 juin > 6 juillet
En juillet
Festival d’Avignon – 29 juin > 21 juillet
Jazz Cinq Continents – 30 juin > 13 juillet
Nuits d’Istres – 9 > 12 juillet
Jardin Sonore Vitrolles – 10 > 13 juillet
Escales du Cargo Arles – 16 > 21 juillet
Festival du Château à Sollies Pont- 17 > 20 juillet
Martigues Summer Festival – 22 > 25 juillet
En août
Plages Electroniques – 16 > 18 août
Delta Festival – 23 au 27 août
Nice Jazz Festival – fin août
