Notons tout d’abord Metronomy, un groupe anglais assez intéressant qui joue sous le ciel encore bleu du Gaou un son électronique sous réminiscence new wave et sur des accords rock. Paillettes et déviance harmonique. La formation alterne instrus et chansons où se posent les voix de Joseph Mount et Gbenga Adelekan. La rythmique est prodiguée par la batteuse Anna Prior, qui entérine le fait que les femmes ont bien leur place dans l’univers de la musique post punk (et de la musique en général).
Quelques prestations et un changement de plateau plus tard, ce sont les anglais de Babyshambles qui débarquent. Première chanson, le ton est lancé avec le surexcitant Delivery qui plonge illico la salle dans l'univers rock et décadent du groupe. Et pendant plus d'une heure, Pete Doherty, le leader du groupe indie rock, enchaine les titres des deux albums studio, Down in Albion et Shotter's Nation, « What Katie did » écrite avec sa précédente formation, The Libertines, et même, de nouveaux morceaux.
Devant l'idole trash, un public de fans et de groupies enflamme le site aux abords paisibles. L’ambiance est alcoolisée, les riffs bien affutés : les éléments d'une soirée rock dans toute sa puissance musicale sont réunis. Le chantre maudit (ou béni ?) par les médias se montre au meilleur de sa forme et d'un même coup, fait taire les mauvaises langues qui le voyaient déjà enterré...sous un tas de Guiness, seringues et substances en tout genre, ou, au moins, annuler son set. Le show des anglais anciennement produits par Mick Jones du mythique Clash s'achève dans une atmosphère paroxystique avec le succès « Fuck Forever ». Les Babyshambles sont donc bien en vie et toujours aussi talentueux, on attend donc avec hâte un troisième album.
Le dernier groupe de la soirée, et pas des moindres, est Phoenix. Le quatuor originel du groupe, composé de Thomas Mars au Chant, Deck D'Arcy à la basse et au clavier, Laurent Brancowitz et Christian Mazzalai aux guitares, est rejoint sur scène par Thomas Hedlund à la batterie et Rob, aux claviers. L’ambiance est survoltée et le set est à la hauteur des exhortations du public. La pop indie qu’assimilent les albums de studio de Phoenix est pervertie sur scène par un jeu électronique et une performance rock qu’effectuent les musiciens et le chanteur. Le timbre spécial de celui-ci demeure impeccable à chaque note des titres d’United, de Wolfgang Amadeus Phoenix et des autres albums. La rythmique imposée par le batteur donne une nouvelle dimension, presque frénétique, à la musique synthétique du groupe. Le public est alors face à une structure où chaque musicien s’équilibre et révèle la magie scénique à laquelle peut parvenir un simple son électronique. Phoenix prouve une fois de plus qu’il n’est pas un groupe qui dispense une musique d’agrément pour ascenseur pop, comme certains critiques ont pu les taxer à leur début.
Le set se termine entre autres par « If I ever feel better », morceau génial du début du groupe présent sur la bande originale du film The Edukators.
La soirée, commencée avec Skip The Use, lillois déglingués qui ont su introduire le public dans cette soirée alternative, où le rock rencontre l’électronique, le punk se synthétise et l’indie s’affirme, s’achève alors sur une note de clameur grâce à la générosité tant humaine que musicale qu’ont dispensé le chanteur Thomas Mars et les musiciens de Phoenix.
Anysia Troin-Guis
photos : JB Fontana