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Notre-Dame de la Garde bientôt classée monument historique par l'Etat

La ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé ce jeudi matin le classement futur au titre des monuments historiques d'une cinquantaine de monuments marseillais dont la basilique de Notre-Dame de la Garde. Jusqu'à présent le diocèse de Marseille ne l'a jamais souhaité.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 16/01/2025
Notre Dame de la Garde bientôt classée Monument historique par l'Etat

« Qui aujourd’hui pourrait imaginer que Notre-Dame de la Garde disparaisse ? Moi-même, j’ai été très surprise qu’elle ne soit pas déjà classée. » s’étonnait Rachida Dati ce jeudi matin lors d’une visite de la cathédrale de la Major.

C’est un des paradoxes marseillais qui a interpelé la ministre de la Culture Rachida Dati lors de sa prise de poste Rue de Valois il y a un an : la Bonne Mère n’est pas un édifice protégé au titre des monuments historiques alors qu’elle a un rôle central dans le patrimoine de Marseille.

Ce sera bientôt le cas, la ministre de la Culture a fait l’annonce de classer la Bonne Mère ce jeudi matin. Cet examen devrait prendre plusieurs mois.

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Pourquoi Notre-Dame de la Garde n’a jamais été classée ?

Notre Dame de la Garde fait parti des lieux prochainement classés au titre des Monuments Historiques

Aujourd’hui, la basilique ne bénéficie d’aucune protection de la part de l’Etat, si ce n’est au titre de son emplacement à proximité du site classé du Vieux Port et ses espaces verts.

Plusieurs raisons l’expliquent : Contrairement à la plupart des édifices religieux qui appartiennent aux communes, c’est le diocèse de Marseille qui est entièrement propriétaire de la basilique depuis qu’il en a hérité de la Marine Nationale.

Et jusqu’à présent, le diocèse n’a jamais été très enclin à demander un classement qui lui imposerait davantage de contraintes dans sa gestion du lieu.

Certes, en raison de sa renommée, on imagine mal le diocèse y faire n’importe quoi. Depuis sa création en 1864 par Henri-Jacques Espérandieu, il entretient avec minutie cette fierté de toute la ville, et va d’ailleurs engager en 2025 un grand plan de rénovation des dorures de la statue.

La basilique est un vaste édifice : Si l’église, avec sa statue et ses remparts relèvent de véritables enjeux architecturaux et patrimoniaux ; les bâtiments annexes, dont le restaurant, la boutique ou les unités d’hébergement situés sous l’église n’ont jamais fait l’unanimité pour leur esthétique. L'absence de protection permet d'ailleurs au diocèse de pouvoir les réaménager plus facilement.

Par contre, le classement au titre des monuments historiques permettra de bénéficier de financements de l’Etat. Jusqu’à présent, le diocèse de Marseille a toujours réussi à financer ses travaux de rénovation et d’aménagement grâce au fort attachement des Marseillais pour la Bonne Mère et leur générosité, sans avoir à demander le soutien de Paris.

   

Une demande de classement qui ne vient pas du diocèse, mais du ministère de la Culture

la ministre Rachida Dati en visite à Marseille

Habituellement, ce sont les propriétaires de lieux historiques qui demandent leur classement au titre des monuments historiques. Cette demande peut émaner de l’Etat dans de rares cas, habituellement quand les édifices sont menacés.

Et pourtant, la demande de classement de Notre-Dame de la Garde ne provient pas du diocèse, mais bien du ministère de la Culture. La ville y est favorable, mais il subsiste malgré tout des réticences, ou tout au moins des interrogations, du côté du diocèse qui a rapidement réagi à l’annonce de la ministre en soulignant « qu’aucune décision n’a encore été prise, soit pour accepter la proposition d’inscription de Notre-Dame de la Garde, soit pour la décliner. » même s'il «remercie d’ores et déjà l’Etat de sa disponibilité pour contribuer à la sauvegarde de ce monument emblématique.»

Pour la ministre Rachida Dati, le doute n’est pas permis : « On n’est pas Marseillais si on ne défend pas Notre Dame de la Garde. (…) Quand il y a un intérêt patrimonial, l’Etat peut le faire (déclencher la procédure de classement NDLR ). Le cardinal Aveline était très favorable à ce classement, après ils vont voir entre eux. C’est comme la politique, le diocèse n’y échappe pas ! »

Quel classement pour Notre-Dame de la Garde ?

La pierre se dégrade parfois sous les assauts du vent, du sel et de la pluie

Reste la question de la portée de ce classement aux monuments historiques. Concernera t-il toute la basilique ou uniquement sa partie centrale avec l’église surplombée par son emblématique statue de la Bonne Mère?

Plus tôt dans la matinée, la ministre a semblé claire dans ses intentions à propos de Notre-Dame de la Garde: «Il y a une petite organisation à mettre en place. En politique c’est comme la vie, il ne faut jamais faire les choses à moitié. Si vous les faites à moitié, ceux qui le veulent ne sont pas contents car vous les faites pas en entier, ceux qui n’en veulent pas ne sont pas contents, car vous les faites quand même à moitié. Donc il vaut mieux faire. Donc on y va, et après on lisse derrière. »

« Doubler le nombre de monuments historiques à Marseille » Un grand plan de classement pour Marseille

« Marseille est une ville en France, comme Paris d’ailleurs, parmi les moins protégées en terme de patrimoine en France. Les chiffres sont assez dérisoires : 93 monuments classés aujourd’hui à Marseille. C’est très peu par rapport au patrimoine qu’elle a. » souligne Rachida Dati.

Depuis 2022, 24 monuments ont été protégés à Marseille, c’est par exemple le cas de la fontaine Cantini, ou des grands escaliers de la Gare Saint Charles. En 2022, la ville de Marseille avait transmis une liste de 37 monuments susceptibles d’obtenir cette protection nationale.

« Sur les deux prochaines années, je souhaite que 50 monuments soient classés. Ce sont des avancées majeures pour les Marseillais. Je pense au Palais de la Bourse, à celui du Pharo, à l’Obélisque de Mazargues, ou encore la Campagne Pastré et la Maison Puget et évidemment Notre-Dame de la Garde. » Rachida Dati, ministre de la Culture

La ministre Rachida Dati explique le choix de ces classements : « J’ai décidé de pouvoir classer au maximum le patrimoine qui peut être classé. Ce n’est pas pour le plaisir de classer, c’est classer pour agir, pour réhabiliter, faire des travaux, dans une cohérence, dans le respect du patrimoine. Parfois, vous avez des monuments historiques, pas au sens juridique, et les travaux sont faits sans autorisations, où l’on pense que l’on consolide mais en fait on perd une partie de notre histoire. Le classement permet aussi des usages. Souvent, vous réparez, vous restaurez puis vous fermez parce que vous n’avez pas d’autres moyens. La protection apporte des moyens. » En effet, les bâtiments inscrits, et davantage ceux classés, au titre des Monuments historiques bénéficient de financements de la part de l’Etat pour leurs travaux de conservation et de rénovation.

C’est le cas par exemples de la cathédrale de la Major sur ses deux parties, la nouvelle comme l’ancienne. La ministre a annoncé une nouvelle tranche de travaux et les financements de la part de l’Etat. « Dès 2024, 3,5 millions ont été engagés pour la restauration des couvertures de la nef. En 2025, ce sont 2,3 millions d’euros supplémentaires qui seront engagés pour la restauration du dôme et des tourelles du bras Est du transept.»

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