Quand on prend l’avion ou que l’on circule entre Miramas et Istres, on aperçoit cet étrange et immense circuit caché derrière des murs de 4 mètres de haut. Il n’y a ni grand ni petit panneau à l’entrée qui indique à qui il appartient. Et pour cause : s’il s’agit d’un circuit privé et très secret de près de 500 hectares, entièrement dédié aux essais de BMW et ses autres marques.
Il y a cent ans, était créé l’autodrome de Miramas avec des courses automobiles qui y étaient organisées. Il y subsiste d’ailleurs une tribune, mais depuis 1986, elle n’accueille plus aucun public. Cette année là, BMW a acheté ce circuit pour tester, martyriser et valider ses véhicules avant leur mise sur le marché. On a vu ces derniers mois les déboires de certaines marques obligées de faire des rappels sur leurs véhicules à cause d’éléments défectueux dans les accessoires de sécurité ou d’usure prématurée dans le moteur : Le but de ce circuit de test est précisément d’éviter ce genre de problèmes pour la marque allemande, en y réalisant un maximum de tests et dans toutes les conditions possibles. L
’Autodrome de Miramas dispose bien sûr de pistes permettant de tester la vitesse des véhicules. Certains ont pu y être poussés jusqu’à 250 voire 300 km/h, et notamment sur l’immense anneau ovale de 5km de long aux courbes incurvées.
Mais sur ces centaines d’hectares, ce sont surtout tous les scénarii possibles que peut rencontrer une voiture qui sont testés : passage dans un gué avec plusieurs dizaines de centimètres d’eau pour vérifier l’étanchéité du matériel, bains de boue, de poussière ou de sable pour vérifier que les joints restent étanches et les capteurs restent fonctionnels, des plans inclinés jusqu’à 58% pour vérifier le comportement des véhicules dans les fortes pentes, en montée comme en descente. Des dizaines d’ateliers et mises en situation sont proposés, reproduisant tous les types de chemins, de la piste défoncée des Alpes à l’autoroute sans limitation de vitesse allemande. Au total, le site dispose de 65 km de circuits et pistes et autant de configurations possibles.
Tout ceci se fait dans le plus grand secret. Certes, les marques déposent des brevets, mais BMW ne souhaite vraiment pas que ses concurrents puissent découvrir les fonctionnalités et prototypes de modèles qui y sont testés. C’est par exemple le cas d’un véhicule à hydrogène, le modèle iX5 qui sera commercialisé en 2028.
Durant ces années d’attente, le constructeur veut conserver ses secrets de fabrication loin de regards indiscrets d’espions concurrents. C'est d'ailleurs pour cela que l'on y trouve ce fameux maquillage noir et blanc, avec parfois même des pièces rajoutées pour tromper les curieux. Certains tests de roulage peuvent aussi se faire hors du centre, et notamment sur la montée du Mont Ventoux réputée très longue et dure.
Si le centre s’ouvre pour la première fois à la presse, le constructeur allemand a bien pris la peine d’enlever tous les prototypes sensibles et n’a pas complètement ouvert toutes les portes. Il y a par exemple toute une partie du centre qui permet de recréer un environnement routier pour tester le comportement des véhicules autonomes sans conducteur. Là on est clairement sur du top-secret.
Près de 500 hectares, c’est une surface proche de celui d’un centre ville d’une commune comme Rognac ou Fos, c’est un territoire immense qui permet d’y réaliser tous les tests possibles, y compris ceux qui ne sont pas habituels dans la région.
Plusieurs grandes plaques de verre sont arrosées pour simuler une adhérence très faible et reproduire les conditions d’une circulation sur glace ou neige. Il y a près d’une dizaine de ces dispositifs, disposés sur des plans variablement inclinés, des lignes droites et même des courbes. Toujours un seul objectif : mesurer précisément les réactions des voitures mais aussi des motos sur faible adhérence.
Autre particularité hors normes de ce circuit, celle de disposer de l’une des plus grandes surfaces goudronnées d’Europe hors aéroports: un immense terrain de 20 hectares, long de 1,5km sur 250 m de large. On peut y faire tourner les modèles en rond pendant des heures, tester leur freinage et toute sorte de tests nécessaires à valider la performance et l'endurance des véhicules.
Car si certains tests permettent de valider les performances telles que l’adhérence, l’accélération ou la vitesse des véhicules, certains tests sont eux destinés à valider la longévité et la qualité des modèles sur la durée. Sur certains modèles, un cadre du centre nous confie avoir réalisé jusqu’à un million de kilomètres sur le circuit pour s’assurer de la fiabilité du véhicule avec ce vieillissement accéléré.
Chaque année, environ 4 000 prototypes BMW, Mini, Rolls Royce et aussi BMW Motorrad sont testés et approuvés sur l’autodrome de Miramas. C’est aussi un acteur économique notable sur le territoire de l’Ouest Provence : Il y a 38 salariés sur le site, dont quatre pilotes professionnels, mais cela génère 140 emplois au total, directs et indirects et environ 14 millions d’euros d’achat sur le territoire chaque année. Des centaines de personnes du groupe BMW y viennent chaque jour, générant autant de retombées pour les hôtels et restaurant du secteur.
En 10 ans, 44 millions d’euros y ont été investis pour moderniser au mieux l’outil, telle cette tour de contrôle installée au centre du circuit. C’est ici qu’on surveille les dizaines de caméras et qu’on peut activer en un clic de souris des jets d’eau et autres éléments naturels destinés à tester les véhicules bardés de capteurs. Chaque véhicule est bien sûr suivi en temps réel.