Louis Stettner est l’auteur d’une œuvre majeure réalisée des deux côtés de l’Atlantique. Véritable pont entre la street photography américaine et la photographie humaniste française, il s’est passionné tout au long de sa vie pour les luttes sociales et politiques et l’histoire de la photographie, tout en pratiquant de multiples formes d’expression (écrits, collages, sculpture, peinture). Presque dix ans après son décès, cette exposition apporte un éclairage renouvelé sur son travail. Conçue à partir de ses archives, elle présente près de 150 photographies d’époque et modernes tirées par le photographe lui-même, dont certaines inédites, et de nombreux documents originaux reflétant la complexité d’une personnalité hors norme.
Né à Brooklyn en 1922, Louis Stettner se forme auprès de la Photo League puis sur le front du Pacifique où il photographie notamment les ruines d’Hiroshima. Sa série dans le métro de New York de 1946, repérée par Sid Grossman, lui vaut d’intégrer l’école de la Photo League, où il est mis en relation avec Willy Ronis en vue d’organiser une exposition de photographie française à New York. Devenu proche d’Édouard Boubat et de Brassaï, il s’installe à Paris de 1947 à 1952 : une période qu’il dépeint comme l’une des plus heureuses de sa vie et qui le conduira à s’y installer définitivement en 1990. Ses voyages en Europe et au Mexique font montre d’un intérêt accru pour le corps et le geste, mais c’est à New York, dans les années 1950, qu’il réalise deux de ses plus magistrales séries, Penn Station et Nancy. Très engagé politiquement dans les années 1970, il participe aux combats pour le féminisme, contre le racisme et la pauvreté, ce qui lui vaut d’être surveillé par le FBI mais aussi d’être reconnu pour ses images de travailleurs. Jusqu’aux années 2000, il poursuit ses explorations urbaines à New York et Paris, dont il donne alors une vision de plus en plus fragmentée.
Accomplie à plus de 90 ans, sa dernière série sur les arbres des Alpilles résonne comme le point d’orgue d’un parcours guidé par la soif de liberté, la résistance aux vents contraires et l’émerveillement d’être en vie.
Virginie Chardin
Commissaire : Virginie Chardin
Pass Festival une journée donnant accès à toutes les expositions : 28€ - 33€
>Billetterie en ligne : rencontres-arles.com