Dans le noir, seule brille une cabane où s’est réfugié le monsieur. Il rêve d’une rose venue de l’autre côté de l’océan. Le monsieur reste longtemps silencieux, puis il demande à l’enfant à quoi ressemble la ville de ses rêves. Une envolée d’étourneaux traverse les yeux de l’enfant. Avec les restes de l’ancienne, le monsieur et l’enfant donnent à la nouvelle ville la forme d’un pont entre deux rives. Nuages s’inspire de la parole des enfants mais aussi d’une lecture contemporaine de la pièce « Les nuées » d’Aristophane. Pour cet auteur grec, les nuages sont des divinités ambiguës. D’une part, les nuées font un cadeau magnifique à leurs admirateurs : le don de la langue, une langue pour s’exprimer, pour se défendre, pour ne plus avoir une place d’esclave dans la cité. D’autre part, elles sèment la confusion avec cette même langue entachée de vacuité qui accompagne toute forme de pouvoir. Les discours officiels sur la requalification de l’espace urbain résonnent aujourd’hui de cette même tonalité creuse. Quelle langue pourraient inventer alors les habitants de la ville pour donner forme à leurs aspirations ? Quels matériaux choisir pour bâtir les espaces de la cité, pour créer du plein et du vide, de la mémoire et du désir ?