Entre Iolanta et Perséphone, entre Tchaïkovski l’écorché vif et Stravinski l'avisé virtuose, il y a comme une secrète filiation. Telle est l’intuition du metteur en scène Peter Sellars, qui réunit les deux œuvres dans une même soirée.
Après l’opéra en un acte de Tchaïkovski, dont les moirures émouvantes racontent la réclusion de la fille aveugle du roi René loin du monde des hommes puis sa guérison par l’amour d’un jeune chevalier, le mélodrame de Stravinski sur un texte de Gide raconte comment la fille de Déméter découvre le désespoir souterrain des enfers, où elle apprend la compassion.
Aux formes stylisées et aux grandes toiles qu’il a imaginées pour l’opéra romantique, Peter Sellars fait se succéder les pleins et déliés de danseurs cambodgiens, pour un spectacle à nul autre pareil, transe et révélation à la fois.