Une décennie après Emma Bovary et avant la Nora d'Ibsen, Elizabeth, bonne épouse, collaboratrice précieuse de son banquier de mari, mère attentive, commet un acte inouï ; en pleine nuit, sans motivation que l'ennui qui la tue, elle quitte mari et enfant. Elle n'en mourra pas comme Emma ni ne s'envolera comme Nora, deux issues qui feraient d'elle une héroïne romanesque.
Dans sa brève échappée, elle évalue, en bonne comptable, cette liberté de peu de poids. Sa prison est dedans et dehors dans cette "société d'hommes avec des lois écrites par les hommes, dont les conseillers et les juges évaluent le comportement féminin à partir d'un point de vue masculin ». Elisabeth est née trop tôt et son geste radical n'est pas celui de partir mais bien celui de revenir les yeux remplis du ciel bleu de la révolte avortée et assumée.