Un dirigeant politique à la brutale sexualité, une petite frappe de bonne famille, un cardinal pas très catholique, une femme fatale, un parrain hystérique, du sexe, des assassinats, des complots, tous les ingrédients sont réunis pour une saga mafieuse à la française dans laquelle se perdre avec terreur et volupté.
C'est une gageure que de monter la pièce de Musset avec ses 65 personnages et ses 36 changements de décors. Et une autre que de s'inscrire derrière Sarah Bernhardt qui créa le rôle et Gérard Philipe qui l'immortalisa. Lorenzaccio ! Le nom sonne comme une insulte. Notre Hamlet rôde, dandy ricanant, cynique, blasé, le visage blême comme la lune, l'habit noir comme le soleil de la mélancolie, guerrier orgiaque et débauché, assassin enfin d'Alexandre son autocrate de cousin dont il partage la couche et les exactions.
A travers la geste vaine de son sombre héros, Alfred de Musset livre sa vision de la société louis-philipparde qui dissout les aspirations de la jeunesse dans l'avènement de la bourgeoisie libérale et des politiciens.