Noémie ne nous voit pas. Elle ne voit pas les gens, ni les maisons, ni les voitures, ni le ciel, ni la mer. Elle voit différemment. Noémie est aveugle. Le monde qui l’entoure, elle l’imagine derrière ses yeux fermés. Tous les matins, son père l’accompagne à l’école. Il lui enseigne le parcours, l’aide à prendre ses repères pour qu’un jour elle puisse aller seule à l’école. Ce jour là est arrivé. Ce soir-là, Noémie se répète encore et encore le parcours, avant de s’endormir. Dans ses rêves, elle refait le chemin. Ce parcours imaginaire devient un espace fantastique, où l’on croise le lapin d’Alice, des archéologues qui vivent sous la ville et des feux tricolores qui parlent.
Depuis 1998, le Théâtre de L’Arpenteur développe le concept de Ville Invisible. Il s’agit d’une démarche consacrée à l’imaginaire urbain, d'une autre manière d’inscrire le théâtre dans la cité et de mettre en relation un public avec ses espaces de vie quotidiens. En réinterrogeant le théâtre, c’est le réel que l'Arpenteur interroge en alternant ainsi de façon non systématique théâtre en salle et hors salle.