Transformé pour la première fois en lieu culturel lors de MP2013, le bâtiment du J1 a montré sa capacité à devenir un phare culturel et d'attractivité pour Marseille. Il avait accueilli plus de 300.000 visiteurs en 2013 et désormais se cherche un avenir à long terme. Alors que le MJ1 tarde à se mettre en place, le Port autonome de Marseille lance aujourd’hui un appel d’offre qui devrait permettre un début des travaux dès 2019/2020 dans le meilleur des cas.
Un projet porté par le privé
Contrairement à 2013 et au MJ1, l’appel d’offre est lancé auprès des investisseurs privés. Ni la ville, ni les autres collectivités locales n’ont les moyens, ou l’envie, de s’approprier ce lieu. Les acteurs publics sont néanmoins directement impliquées dans le choix de sa destination puisqu’elles feront parti du jury d’attribution.
« La ville est intéressée par la transformation du port. C’est un port marchand et il doit le rester, mais il doit pouvoir accueillir toutes sortes d’activités qui relancent l’essor économique et culturel de la ville »
Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire de Marseille
Ce sera une location de longue durée, en fonction de l’investissement consacré par le prestataire. Impossible aujourd’hui de savoir le budget global ni la durée de cette location, mais Jean-Marc Forneri, le Président du Conseil de Surveillance du port, imagine une large fourchette comprise entre 100 et 200 millions d’euros et un bail pouvant aller jusqu’à 70 ans. Pour rappel, les Terrasses du Port, ce sont un investissement de 466 M€.
Quelles activités dans le J1 ?
L’appel d’offre vient d’être lancé, il est donc impossible de savoir maintenant quel sera le projet retenu. Mais si on ne connait pas encore ce que va devenir le J1, on sait déjà ce qu’il n’y aura pas : L’appel d’offre refuse catégoriquement les projets de casino, de boîtes de nuit et les projets à vocation exclusive d’habitation, de loisir, de bureaux ou encore de boutiques. Ces quatre derniers éléments pourront tout de même s’intégrer dans le projet mais de manière secondaire.
Les points clés à satisfaire :
"Développer un projet qui présente des activités multiples"
Ce sera notamment la clé pour assurer une rentabilité globale du lieu et intégrer un volet culturel / éducatif difficilement rentable en soit.
"Créer une identité architecturale forte pour la façade maritime de Marseille et pour le premier port de France"
Le port met notamment l’accent sur le travail avec des architectes internationaux. Cependant, le bâtiment actuel sera conservé, les amenagements ne se feront qu'à l'interieur.
"Permettre l’accès du public au J1 et favoriser ainsi le lien entre la Ville et la mer"
"Favoriser des activités culturelles ou éducatives, permanentes ou temporaires"
Jean-Marc Forneri, le Président du Conseil de Surveillance du port, souhaite un lieu dédié à la créativité (lire ci-dessous) avec une réelle présence artistique accompagnée d’actions éducatives.
"Favoriser la visibilité de l’économie maritime, portuaire et logistique et de ses filières, notamment par le développement de la formation"
La thématique de la mer est un critère déterminant. L’activité principale doit aussi s’intégrer au port par son contenu. D’ailleurs le projet intègre l’usage pérenne d’un quai ( et exceptionnellement d’un second). On imagine donc que le projet retenu pourrait facilement intégrer l’amarrage de navires : yachts de luxe ou pourquoi pas de vieux gréements.
"Développer l’attractivité du territoire"
C'est-à-dire un lieu à forte identité, et sur cette façade touristique de Marseille, qui devrait naturellement s’intégrer dans l’offre culturelle et loisirs de la ville.
Une fois éliminés les projets exclus, pris en compte les points clés et écouté les remarques des acteurs du dossier, difficile d’imaginer précisément ce que va devenir le J1, mais deux tendances émergent néanmoins :
La ville semble souhaiter y retrouver une activité en lien avec la plaisance de luxe, et pourquoi pas, comme à La Ciotat, avec de la réparation et services pour les yachts.
Du côté du port, si l’option aquarium est techniquement impossible, une cité de la mer semble correspondre à l’état d’esprit général. Dans la lignée des Océanopolis ou Nausicaa, un lieu dédié à la mer méditerranée et ses activités portuaires, avec tout volet culturel et pédagogique, mais aussi un volet commercial qui assurerait la rentabilité du lieu.
Premières réponses en 2018 avec la sélection d’une short list puis du lauréat.
Jean-Marc Forneri, le Président du Conseil de Surveillance du port « je souhaiterais que ce soit un lieu dédié à la créativité »
Le J1, ne sera donc finalement ni un casino, ni une salle de concert ?
Pour ne rien vous cacher, nous avions des discussions quand il y avait eu la Fiesta des Suds (il avait été question de remplacer le Dock des Suds par une piscine NDLR ). La Fiesta des Suds, ce n’était pas possible. Par contre, je n’exclus pas du tout que parmi les projets, il y ait des gens qui nous disent « il y a un centre de conférences, avec des activités mixtes ». On peut très bien le transformer.
25.000 m² c’est très grand ! On peut très bien imaginer un espace consacré peut être aux arts plastiques. On a le musée Regards de Provence, le Mucem, mais autour de la mer, des métiers, de l’histoire de la marine. D’une manière générale, je souhaiterais que ce soit un lieu dédié à la créativité.
On n’a pas de grand musée maritime à Marseille. On connaît aussi le succès d’Oceanopolis à Brest. Ce ne serait pas là l’occasion de le créer ?
Vous avez raison. Aquarium non, parce que c’est très compliqué. Mais tout ce qui peut tourner autour des arts, de la mer, de la création. Ca aurait d’ailleurs pu être la vocation du Mucem s’il n’avait pas été configuré autrement. Mais effectivement, je suis un peu triste de voir qu’il n’y a pas de grand musée maritime sur la façade méditerranéenne française.
Et en même temps, un musée, c’est difficilement rentable comme vous le souhaitez dans l’appel à projet...
On a 25.000 m², une très grande partie sera consacrée à des activités lucratives. Mais il faudra, et nous jugerons la qualité des projets, que soient intégrées des activités éducatives et culturelles.