Pionniers de la scène Hip Hop française, Rockin Squat s'est livré de la même manière qu'il se livre sur scène, avec générosité, honnêteté et détermination.
Les sujets évoqués sur scène sont polémiques mais d'une incroyable justesse, il aborde intelligemment l'écologie, le racisme, l'amour et bien d'autres thèmes...
La tournée «Les enfants du siècle tour» est prévue dans toute la France et à l'étranger. Courez-y !
Assassin Production n'existe plus et a laissé place à une nouvelle structure Livin ‘Astro. Pourquoi ? Quelle est la différence avec l'ancienne structure ?
Assassin production est un label qui avait beaucoup d'existence et de vécu mais aussi de dettes. Livin' Astro est le nouveau label qui produit de nombreux artistes et qui a récupéré tout le catalogue d'Assassin. Cette structure s'occupe aussi de Z'Africa Brasil, Profecy, Dj Duke ou Pyroman. Ce label a notamment sorti en septembre 2008 « Confessions d'un Enfant du Siècle Vol.1 » et le « Vol 2 » le 27 avril 2009, les premiers albums solo de Rockin' Squat.
Assassin est fondé en 1985 par Rockin' Squat et Solo, rejoints ensuite par DJ Clyde et Doctor L. Qui compose le groupe désormais s'il y en a un ?
Il y a toujours un groupe car Assassin est là pour l'éternité. Il n'y a pas eu de séparation car au départ Assassin c'est Squat et Solo. L'esprit de Solo a toujours été dans Assassin. Oui, il y a un groupe et aujourd'hui DJ Duke, Profecy, Lyricson sont des membres actifs du groupe, je dirais même qu'on fait partie d'une même famille.
Les « Confessions d'un enfant du siècle » est ton premier Opus solo. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour le sortir?
J'ai beaucoup écrit pour Assassin, mais je voulais amener dans l'histoire de la musique française une pierre à l'édifice de la musique contestataire et consciente sans avoir à développer mon côté plus personnel.
Le mouvement Hip Hop a vite été récupéré par les Majors en France et c'est devenu n'importe quoi. J'ai voulu à travers le groupe amener quelque chose sans faille sur lequel le public pouvait se reposer. Sans être prétentieux, des artistes comme James Brown, Public Enemy avec Chuck D sont des références et ils nous ont fortement inspirés dans notre façon de transmettre notre musique. Grâce à notre Histoire je pense qu'Assassin est devenu aussi une référence pour notre art.
Quelles sont vos relations avec les maisons de disque actuellement. Et quels sont vos moyens pour vous autoproduire ?
En 1992, j'ai écrit « Au centre des polémiques », les majors étaient déjà montrées du doigt. La seule raison qu'ils ont de te produire c'est qu'ils pensent aux bénéfices que tu vas leur apporter. A partir du moment où tu le sais, tu prends forcément un autre chemin et c'est pour cela que l'on s'autoproduit. Assassin Production fut d'ailleurs le premier label Hip Hop français indépendant.
Le double album « Confessions d'un enfant du siècle » est très influencé par des musiques du monde entier. Comment se sont faites ces rencontres sur ton dernier album avec Check Tidiane Seck, Olodum, Agallah the Don bishop, KRS-One ?
Ca fait longtemps que je suis dans la musique et je suis ouvert sur le monde.
Je me donne la chance de voyager et mon ouverture sur les autres me donnent des connexions. Ces rencontres sont dans un premier temps une rencontre humaine et sont parfois le fruit de collaboration.
Par exemple, avec Olodum, on s'est rencontré lors d'un de mes nombreux voyages au Brésil, plus précisément à Salvador de Bahia. Eux, ce sont une des légendes de la musique Brésilienne, un des plus grands groupes de Battacuda. Le feeling était là alors on a pu collaborer.
Tu sais le Hip Hop est vecteur de vocation, c'est aussi un moyen de s'en sortir pour des personnes qui à la base ne devaient pas être là. Aujourd'hui, cette culture est prédominante et a désormais sa représentativité dans le monde entier. Pour Cheick Tidiane Seck c'est un musicien hors norme d'Afrique, j'ai collaboré avec lui sur « France à Fric » et je viens de remettre ça sur « Ba Mana » pour le Volume 2. Aux USA où je suis souvent j'ai fait 2 bombes « Key Of Life » avec KRS-One qu'on ne presente plus, quel chance de l'avoir sur mon album et « Démocratie Fasciste Article 4 » avec Immortal Technique, le côté révolutionnaire de notre musique.
Sur le titre "Enfant de la balle », c'est une des premières fois ou sinon la première fois que tu te livres aussi intimement. Pourquoi maintenant et sur cet album ?
Sur « L'Homicide Volontaire », je rappais déjà tout seul. J'ai décidé de ne pas développer de chansons personnelles avec Assassin car notre vocation première était de délivrer un message contestataire, intelligent permettant la réflexion et la connaissance. Avec le nouvel album solo « Confessions d'un enfant du siècle », je me suis permis de m'exprimer sur ma vie, mes sentiments, mes amours...« Enfant de la balle » est un morceau que j'ai écrit bien avant le décès de mon père (Jean-Pierre Cassel). J'écris énormément, j'ai plus de 150 morceaux qui ne sont pas sortis. Des morceaux personnels j'en ai écris des tonnes mais je les ai gardé chez moi bien au chaud, là ils commencent à sortir.
Je sais que tu as toujours prôné l'Amour entre les humains, sur le titre « Aimer sans posséder » tu donnes une vision plus intimiste de l'amour ?
Je donne mon point de vue sur comment je vois l'amour. Aimer ne doit pas être en adéquation avec la possession car c'est là où l'on peut aimer pour l'éternité.
La liberté de vouloir aimer est aussi la liberté de ne plus pouvoir aimer ou de plus vouloir aimer. «Aimer sans posséder » est une des clés si ce n'est la clé pour pouvoir aimer pour l'éternité.
Ta détermination et tes lyrics sont toujours aussi tonitruantes et d'actualité. Je pense à des titres comme « France à fric », « A luta continua » feat Ivor Lancellotti, « Une Façon de Vivre ». Quelles sont tes influences ?
Je me documente énormément, je veux comprendre le monde dans lequel on vit.
L'ignorance forme les « têtes de con » et les stéréotypes. A travers ma musique,
Je déclenche l'envie chez les gens de pouvoir partager des points de vue que j'ai déjà vérifiés. D'ailleurs, sur le nouvel album, le titre « la lutte du siècle », j'explique comment est née une nouvelle forme de guerre mondiale. L'eau est un des nouveaux enjeux du XXIème siècle. Le scandale c'est que des industries de l'Agro-alimentaire ont trouvé une nouvelle opportunité, celle de faire du fric en privatisant des sources d'eau car c'est le nouvel or bleu. J'attaque de frond les sociétés Vivendi, La Lyonnaise des Eaux, Danone, Nestlé, Suez, Monsanto, Coca-Cola qui contribuent aujourd'hui à détruire et polluer notre Planète.
Comment juges-tu la scène Hip Hop en tant que pionnier du Rap Français ?
Elle se porte très bien, vu que je sors des disques de lumière...
Jacqueline Bijou
Pour plus d'infos :
http://www.livinastro5000.com/?p=homepage