Alejandro Guzzetti, artiste autodidacte né en Argentine, assimilé au "Land Art", un courant artistique majeur de l'art contemporain, s'est vu lancer un défi par le Musée Ziem : Créer des oeuvres éphémères adaptées à la configuration de l'espace clos du Musée. Pour un artiste environnementaliste coutumier d'installations monumentales, telle que Vertigo, une toile d'araignée géante tissée entre deux pitons rocheux, on peut dire que le challenge était de taille.
L'humilité d'un homme face à la nature
Alejandro Guzzzetti accepte le défi et choisit de travailler la Molinie bleue, une plante herbacée dont la tige légère et rectiligne figure merveilleusement le trait d'un artiste tel que Félix Ziem. Deux ans de travail commun avec l'équipe du Musée ont été nécessaires à la conception de l'exposition, des milliers de tiges de Molinie (1900, rien que pour la sphère) sélectionnées, taillées, percées... deux ans de patience, d'ingéniosité, de travail d'orfèvre pour créer des oeuvres en 3D appelées à disparaître...
Interactions, interpellations ?
Lorsque nous demandons à Alejandro Guzzetti ce que traduit ses oeuvres, il nous répond que chacun y voit ce qu'il veut, nous avons donc tenté de ne pas céder plus longtemps au pouvoir contemplatif qu'impose l'exposition pour y voir autre chose que du merveilleux. Du merveilleux dans une herbe ? Oui, ces milliers de brindilles formant un igloo fragile et pourtant protecteur sous lequel on s'abrite, ou ce bateau de Félix Ziem sortant de sa toile pour voguer sur l'horizon sont d'une poésie et d'une beauté factuelles et merveilleuses.
En dépassant ce stade, donc, nous y voyons aussi la fragilité de la nature, une interpellation sur la mise en danger permanente de notre environnement. Nous y voyons l'abri familier qu'elle représente pour l'être humain et le peu d'intérêt que nous lui portons, auriez-vous jeté un regard sur cette molinée dans un champ ? Probablement pas !
Un instant privilégié face à la temporalité d'une oeuvre
Alejandro Guzzetti transforme un brin d'herbe en oeuvre d'art, peut-être simplement pour nous montrer ce que nous ne regardons pas ou plus. Par l'éphémérité de ses oeuvres ne nous rappelle-t-il pas humblement que ce qui est, peut ne plus être ? L'interaction avec la nature pour entrer en communion avec elle est l'essence du Land Art.
Toujours dans l'optique d'une démocratisation de l'art, le Musée Ziem offre au public la beauté d'un art accessible à tous
Nous ne saurions que trop vous conseiller d'aller voir cette exposition, en famille, entre amis ou seul, chacun y verra ce qu'il souhaite comme le dit Alejandro Guzzetti, mais tous auront vu une exposition exceptionnelle d'oeuvres qui n'existeront plus que sur le web ou sur papier glacé après le 3 février, et le Musée Ziem c'est toujours gratuit toute l'année !