Olivia Ruiz a sorti en 2009 son troisième album français Misse Météore suivi d'une tournée française. Nous l'avons rencontré quelques heures avant d'entrer sur la scène du Dôme.
Bonjour Olivia, tu as appelé ton dernier album « Miss météores »… Ce titre me renvoi à l’éphémère et pourtant ça fait déjà plus de 15 ans que tu es sur scène !
15 ans et tu es gentil ! Ma première scène c’était en tant que choriste dans une chorale et j’avais 12 ans, j’en ai bientôt 30. Depuis l’âge de 14 ans je n’ai pas quitté la scène longtemps.
Quel bilan tu fais de ces 4 dernières années, tu es passée de scènes de 300 personnes à des Zeniths de plus 8000 personnes…
Bon, là on ne sera pas 8000 ! Ca dépend des régions. La Bretagne c’est vrai que c’est assez bluffant . Bizarrement le sud, ce n’est pas dans les remplissages les plus explosifs.
Pour revenir au bilan, c’est simple, je continue à apprendre mon métier au quotidien. Je me régale, j’ai du plaisir. J’ai un super entourage qui m’accompagne maintenant, et c’est vrai que cela facilite vachement les choses, de te sentir entouré par des gens qui te protègent. Ce sont des métiers où l’on donne tellement que les moments de repos sont vraiment précieux et nécessaires, pour justement arriver à redonner pleinement ensuite.
Et qu’est-ce qui a été le plus dur justement dans ces dernières années ?
Tout ça s’entremêle. Là je tourne avec un musicien avec qui j’avais un duo quand j’avais 17 ans et que je ré-embarque sur mes tournées. J’ai juste l’impression que les choses se sont faites petit à petit, de façon logique, et maintenant je n’ai plus qu’à toucher du bois pour que cela continue comme ça.
Comment fais-tu pour conserver ta complicité avec le public ? Est-ce que ce n’est pas plus difficile sur des grandes scènes ?
Ce n’est pas plus difficile, c’est juste différent. On se prend une telle masse d’énergie qu’on est peut être dans quelque chose de moins intime, mais finalement, la complicité est la même. On va pas forcement raconter les mêmes anecdotes quand on a 4000 personnes devant que quand on en a 500, ne serait-ce que dans la façon dont on porte sa voix. Jusqu’à présent, la complicité était là.
Si la complicité avec le public est la même, la façon de concevoir le spectacle a t’elle évolué ? Un envie de donner toujours plus…
Bein oui, c’est pour cela qu’avec mon producteur on a décidé de prendre un gros risque sur cette tournée. C’est tout à fait honnête de dire ça, parce que c’est un investissement énorme : ce décor et tout ce qui va avec… L’équipe technique qui est là pour le monter.
Donc on a dit : on va partager les risques et continuer à faire plaisir au public. On est resté sur une moyenne à 30 €, et des tarifs chomeurs, de façon que le spectacle reste accessible. Je pense quand même que mon succès, c’est avant tout le public qui l’a fait, donc que cela ne me gène pas d’investir de l’argent dans un décor, parce que je me sens redevable, finalement, de tous ces gens qui ont fait le « buzz », comme disent les maisons de disques.
Et le plaisir, est-il toujours le même ?
Tu sais, le jour où j’ai pas trop envie d’y aller ; à mon avis, si cela m’arrive un jour, je n’irai pas. Quitte à monter sur scène et à m’expliquer auprès du public. De toute façon, si tu y vas et que tu n’as pas vraiment envie, tu vas faire automatiquement un truc foireux. Ca ne m’est jamais arrivé, mais je pense que moi, je ferai un choix assez radical ! Je préfèrerai prendre trois tomates et des canettes que d’y aller à moitié.
Ton album la Femme Chocolat est sorti en Espagne ( La Chica Chocolate), ce sera aussi le cas pour Miss Météores ?
Je comptais faire des adaptations espagnoles, mais apparemment les Espagnols ont envie de l’album tel qu’il est sorti France.
Mais du coup, je voulais savoir comment cela s’est passé au début en Espagne sur l’album La Chica Chocolate, tu n’étais pas très connue ? Et tu as du recommencer de zéro ?
Pas « un peu connue », j’étais complètement inconnue ! Mais c’était un choix. J’en avais envie et je savais bien à quoi m’attendre.
Donc, voilà, un challenge : retour comme il y a 6 ans, des gens qui viennent découvrir, des médias auxquels il faut tout réexpliquer depuis le début… et en Espagnol ! C’était vachement plaisant, parce que d’abord, ça a bien remis les pieds sur terre à tout le monde. On n’en avait pas vraiment besoin, je vais être honnête, ni mes musiciens, ni moi ; mais se replonger dans un contexte comme celui-là, c’est toujours très enrichissant.
Retour à l’album, comment te viennent les thématiques ? C’est du vécu ?
Ca dépend, ça peut être ça. Ensuite je vais le dévier, pour l’éloigner de mon propre vécu, parce que je pense que ce n’est jamais hyper intéressant de raconter son quotidien tel qu’il est.
Ou alors, ce peut être n’importe quoi, croiser un regard… Les Crêpes aux Champignons, par exemple, c’est vraiment le regard d’une femme que j’ai croisé une fois qui m’a donné envie. Elle était à une fenêtre et elle avait un truc dans les yeux incroyable, j’ai gardé ce visage dans la tête, arrivée chez moi, je me suis inventé une histoire. Elle avait certainement rien à voir avec sa vrai vie. Il y a quelque chose qui m’a touché.
L’écriture prend beaucoup de temps ?
Non, en général, le premier jet viens tout de suite, c’est l’histoire de la chanson. Dans l’ensemble, je travaille assez vite. J’y reviens plusieurs fois, mais je ne vais jamais passer une heure et demi à me creuser la tête. Mais l’air de rien, ça continue à me travailler, et à un moment donné je trouve la clef et je la mets en musique.
Justement l’écriture musicale, ça se passe avec Mathias Malzieu ?
On a fait vraiment tout à deux. Moi j’ai fait les mélodies de chant, et lui les accords. Ensuite les arrangements, nous les avons fait à 3 : Alain Cluzot, Mathias et moi, plus un arrangeur. Sur la base des idées, par exemple les cuivres d’Elle panique. Moi j’ai une idée de mélodie, je la chante à l’arrangeur et lui écrit les voix différentes de cette mélodie pour que cela fasse un ensemble sonore et un arrangement.
Moi je choisis des musiciens avec une identité très forte, pour justement les laisser s’exprimer. Je choisis chaque musicien pour sa personnalité et il a aussi le droit de proposer des idées, même si évidemment, à la fin, c’est moi qui dit oui ou non à tout le monde.
Propos recueilis par Jean-Baptiste Fontana
Photos : JB Fontana & DR.