chargement en cours

Soma, l'interview

A l'occasion de leur concert à l'Espace Julien et de la sortie de leur album "Jewel and the orchestra", les Istriens SOMA (par la voix de Lionel, le chanteur du groupe) nous a accordé une interview dans laquelle le leader revient sur la genèse de SOMA et son succès grandissant.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 02/02/2010 - Modifié le 26/03/10 17:45
Soma, l'interview


Pour commencer, est-ce que, pour vous présenter, tu peux me raconter la genèse de SOMA ?
On est 4 potes du lycée, on venait des groupes différents et chaque année il y avait un concert organisé. On rêvait de jouer ensemble car on savait qu'on s'entendrait bien. Ce qu'on a fait. Ensuite on a formé SOMA, c'est parti de là.

Le nom "SOMA" vient de ce nom de pilule imaginée par Huxley dans "le meilleur des mondes", qui, une fois gobée par tous les individus des différentes classes sociales, permet la cohésion sociale sans revendication et sans heurts. C'est également le nom d'un titre des Smashing et des Strokes. Alors, est ce que tu peux m'expliquer ces différents liens ?
C'est juste au moment de chercher un nom, on était 2 – 3 dans le groupe à avoir adoré le bouquin d'Huxley, la drogue "Soma" nous avait plu. Et aussi, on avait un point commun: on adorait les Smashing Pumpkins, ils avaient une chanson super longue et tout le monde passait un peu à côté et nous, on adorait ce titre-là qui est assez long, assez lancinant et assez neurasthénique, mais nous aimions bien ça.
Sinon, c'est le nom d'une rue de San Francisco qui s'appelle "South of Market street" et dans laquelle il m'arrivait de supers belles choses, des galères…j'ai vécu de bons moments dans cette rue. Donc, c'est pour ces trois raisons, en fait.

Voilà plus de 10 ans que le groupe existe et que vous écumez les scènes. En octobre dernier, vous sortez l'EP puis l'album "Jewel and the orchestra", ce mois-ci : pourquoi avoir attendu si longtemps ?
En fait, on a sorti pleins de trucs entre temps qui ont plus servi à démarcher, à avancer dans nos connaissances. Ce fut un long parcours, on y a été tranquillement, sans se presser. On a attendu d'avoir un produit qui nous correspondait avant de démarcher les maisons de disques. On a toujours tout fait tous seuls, on a monté un studio dans le salon où on faisait nos prods. Enfin, on voulait attendre d'être bien entouré avant de sortir notre premier vrai disque. Du coup, avant on n'avait pas de manager, de tourneur, rien. Donc, on a fait plein de concerts, on s'est acheté du matos, on a enregistré un bon truc qu'on a envoyé aux maisons de disques. Et de là, on a pu enregistrer notre premier vrai album.

Dave Sardy s'est occupé de mixer vos titres à Los Angeles, comme il l'avait fait pour Oasis. Comment votre collaboration est elle née et comment s'est-elle passée ?
Ca s'est super bien passé. Ce mec-là était un peu notre idole, on le retrouvait sur pleins de disques qu'on aimait. Donc, quand notre directeur artistique nous a demandé avec qui on voulait travailler, on a naturellement cité son nom….c'était un rêve un peu fou ! On a dit son nom comme ça, on pensait pas que ce serait possible. Et puis, il lui a envoyé des démos de l'album. Il a répondu qu'il allait le faire et qu'il n'avait jamais bossé avec des français. Du coup, il a accepté car il trouvait ça bien. C'était génial. Mais en fait, on n'est pas allé à Los Angeles car on voulait garder le budget pour autre chose, même si c'était très tentant. Donc, on recevait les mixes par internet tous les matins.

Vos influences musicales sont donc très marquées par différents sons notamment la musique des Smashing Pumpkins (et donc de Billy Corgan) / d'Oasis. A quel niveau est ce que vous leur rendez hommage dans votre musique ? texte, musique, philosophie, jeu de scène ?
On pioche un peu dans pleins de choses, sans trop s'en rendre compte. Niveau scénique, on a pris parti d'être toujours bien sapés sur scène, ce qui est plus lié à nos références cinématographiques avec Tarantino: on un flashé sur Reservoirs Dogs, du coup on est toujours en noir et blanc sur scène, avec cravate à l'anglaise.

Musicalement, on n' écoute pas forcément les mêmes choses. Par exemple le batteur écoute beaucoup d'électro, du coup il y a quelques sons de batterie un peu calqués sur l'électro, des trucs un peu dansants. Moi, j'écoute beaucoup de pop (Blur, Oasis), donc dans la composition, la ligne de chant, il y a un peu de ça aussi. Enfin, c'est un mélange d'un peu de tout. On a tellement écouté de musique que c'est difficile de s'en affranchir et puis le but, pour nous, n'est pas de créer un truc original, jamais entendu auparavant, c'est juste de faire les meilleures chansons possible. On a un peu de mal avec les trucs soi-disant nouveaux, avec 'un son qu'on a jamais entendu'…tout ça, c'est pas forcément le but du rock, au départ. On n'a pas cherché à être orignaux à tous prix mais juste faire des chansons qui nous correspondaient le mieux. On est aussi influencés par la poésie Américaine comme Getty, Kerouac…toute la Beat Generation, quoi.

 

Votre nationalité musicale est clairement Anglosaxonne. Pourquoi cette direction par rapport au style et à la langue ?
En fait, mes parents ne m'ont jamais fait écouter de musique française quand j'étais petit et c'est marrant: on est 3 sur 4 dans ce cas-là dans le groupe. Ils écoutaient les Rolling Stones, les Beatles, Police et du coup, j'ai aucune culture musicale française…je suis passé à côté de Brassens, Brel, ferré: enfin tous les grands. Je le regrette un peu mais il n'est pas trop tard. C'est pour ça que quand j'ai commencé la musique, ce qui m'est venu naturellement est l'anglais et dans un souci d'authenticité je n'ai pas voulu écrire en français juste parce que je suis français.

D'après vous, pourquoi tous les jeunes groupes de rock français se réclament le plus souvent (pour ne pas dire tout le temps) de la musique Anglosaxonne? C'est quoi le problème avec l'identité nationale rock française ?
En fait, moi, je me vois plutôt comme Européen et, finalement, peu importe que la musique soit en français, en anglais, en espagnol: pourvu qu'elle touche les gens. Je préfère une bonne chanson anglaise qu'une mauvaise chanson française et inversement. Notre génération a suivi celle de nos parents dont certains ont passé leur bac entre les pavés, écoutaient les Stones, les Beatles et nous ont transmis tout ça. Et je pense aussi que le rock en France n'a jamais su se renouveler. Il y a eu des supers trucs comme Noirs Désirs, Téléphone mais il n'y a pas eu de renouvellement, on continue à rouler les 'r'. En Angleterre, il y a une scène beaucoup plus vivante et toutes les modes partent de là-bas. Aujourd'hui, les groupent qui 'marchottent' un peu et qui en chantent en français, sont Luke, très proches de Noirs Désirs mais ça fait pas trop danser. C'est ça aussi qui fait que les jeunes se positionnent plutôt de l'autre côté de la Manche: ils y trouvent une fraîcheur.

Mais, si vous deviez le faire, où est ce que vous vous situerez par rapport au rock français et quel groupe vous admirez, en France (quelque soit le style) ?
J'admire pas mal de groupes en France mais, de par mes influences et mes goûts, ils chantent en anglais. Par exemple, je suis super heureux pour Phoenix, ça devrait être une fierté pour les français de savoir qu'ils y a un groupe qui arrive à gagner des Grammy Awards et qui cartonnent aux États-Unis. Après, je trouve très déplorable qu'on ne les nomine pas aux Victoires de la Musique. Ce sont des petites choses comme ça qui m'énervent, on se dit qu'en France, on doit défendre notre langue…D'un côté il y a des supers groupes qui habitent à Versailles et que j'ai eu la chance de croiser (Phoenix) et ils sont vraiment français! On pourrait se dire "Cocorico", "Enfin!" et puis non. Aux Victoires, je me dis qu'il y a Izia, qui envoie pas mal, alors je me dis que Phoenix avait quand même sa place.

Au vu de vos costumes sur scène, de vos textes et de votre clip (censuré) de "Get down", vous rendez un vibrant hommage au cinéma. Vous pouvez nous parler de la cinématographie de SOMA, celle qui vous stimule, comme Tarantino, Kubrick ?
Par exemple, moi j'ai été un très grand fan de James Dean, avec les années 50, 60. Concernant le moderne, on aime bien certains films de Lars Von Trier, Reservoir Dogs, Kubrick. Au-delà de se dire que c'est violent et tout ça, les mecs créent un nouvel esthétisme propre à eux. Par exemple Dogville, Von Trier, a créé un décors de manière à se qu'on puisse imaginer. Après, il a y a quand même pleins de films légers qu'on aime bien!

Pour un 1er album, vous démarrez plutôt très bien avec une belle visibilité en ayant été Album de la semaine pour canal, avec une session live prochainement dans Tararata, sans oublier "CD'aujourd'hui". Comment appréhendez-vous tout ça ? Ca vous fait peur? Ou alors est ce que vous ne réfléchissez pas et en profitez à mort ?
Tout ça est très excitant et on pensait vraiment pas en arriver là de suite. Venant d'Istres, on était pas du tout dans ce milieu de showbiz qui est nouveau pour nous donc on en profite à mort. Mais on est persuadé que le plus important sont les prestations et notre musique. On est très très bosseurs du coup on se laisse très peu de temps…on profite sur le moment présent après on retourne très vite au boulot ce qui est très bon pour évacuer et ne pas tomber dans le truc des nuits parisiennes car après tu fais plus rien. On l'a fait un peu au début mais les concerts d'après se sont mal passés, du coup on le fait plus.

Pour finir, le 25 mars prochain, vous allez vous produire à L'espace Julien à Marseille. Vous pouvez nous dire 2 mots sur le public marseillais que vous connaissez bien ?
Avec le public marseillais, ça s'est toujours bien passé, on a toujours eu une belle histoire, ce sont des gens plus extravertis qu'à Paris, par exemple, où c'est très froid, très professionnel, très solennel, ce qui fait qu'on aime bien le public de Marseille. Le seul bémol est qu'ils sont très peu, car c'est vrai que le rock à Marseille c'est très difficile. Ici, c'est compliqué de faire bouger les gens pour un concert de rock. C'est dommage mais ça viendra et puis avec cette exposition, les gens vont se dire qu'il y a un truc qui marche un peu, que ça va nous représenter. Donc, j'espère qu'ils vont venir nous voir à l'Espace Julien qui est une salle avec laquelle on a une histoire, qui nous plaît beaucoup.

Propos reccueillis par Salima Kettar
Photos : JBF / Geoffroy De Boismenu

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies.