Bonjour, comment avez-vous réagi suite à la victoire de la musique que vous avez obtenue ? (Groupe ou artiste révélation du public de l'année)
Amaël : Sincèrement, ca nous fait super plaisir, c’était un vrai beau prix. Déjà nous étions vraiment contents d’être nominés aux Victoire de la Musique. On se considère encore comme un petit groupe indé’ qui fait de la pop chantée en Anglais et de voir que l’on arrive à être représentatif du paysage musical français, c’est super chouette ! …et d’avoir en plus l’extrême privilège d’avoir été poussé par le public, c’est super génial.
Le fait que ce soit le public qui vous ait choisi, ça offre une valeur supplémentaire à ce trophée…
Carrément ! Nous, on ne s’y attendait vraiment pas, sincèrement. On n’y allait pas perdant, parce que l’on pensait déjà avoir gagné de pouvoir représenter notre musique, sur un prime time à la télé nationale. Ce n’est pas rien ! Et puis après, de voir que l’on a un bon public qui nous soutient derrière et qui pousse pour nous inscrire à bonne hauteur dans le paysage musical, c’est quand même super !
Donc, beaucoup de surprise, beaucoup de bonheur, et en même temps, tellement de travail que l’on a vite tendance à oublier que l’on a eu cette Victoire de la Musique. On a beaucoup de dates de concerts, on n’a même pas eu le temps de revoir la Victoire, qui est partie chez un des gars de notre équipe. On n’a pas eu le temps de revoir nos proches dans lesquels on peut vraiment lire la joie et prendre un peu l’ampleur du truc.
Ce succès, pas mal de monde vous le reproche. Qu’est ce que vous répondez à ceux qui vous accusent d’être une « machine à tubes » ?
On peu juste dire que l’on n’a pas fait exprès, mais on aime beaucoup la pop music, où tu reconnais facilement la mélodie, où tu peux voguer vraiment sur le sens. Après, que dire à ces gens là… Quelque part, « Machine à tubes », je trouve que c’est un compliment parce qu’on le fait de manière sincère et pas du tout calculée. Et malgré ce que pas mal de gens peuvent croire, on n’est pas sorti de nulle part, avant-hier comme ça. Avant de faire notre album, on a fait trois ans de tournée, on sillonnait tous les petits clubs de France et d’Europe, sans gagner notre croute tout en faisant exactement la même musique. Donc voilà, on est un vrai groupe, merci pour la « Machine à tubes ».
PONY PONY RUN RUN - WALKING ON A LINE [OFFICIAL VIDEOCLIP]
Revenons sur les débuts du groupe. Internet a été pour vous un véritable outil de développement et de buzz. Quel regard avez-vous sur ce canal, et notamment le fait qu’il soit aussi accusé de tous les maux par l’industrie musicale ?
Internet, ça nous a vraiment aidé au tout début. Cela nous a permis de sortir nos premiers morceaux qu’on avait enregistrés chez nous en home studio, un peu à l’arrache avec trois bouts de ficelle et beaucoup de volonté. On les a mis en ligne sur Myspace. A l’époque, c’était la seule plateforme dédiée à la musique, où tout le monde pouvait avoir accès simple. Donc ça nous a vraiment aidé à développer notre réseau. Sur nos premiers concerts à Bordeaux, à Paris et en Hollande, ça nous a permis de rencontrer des gens qui avaient les mêmes affinités musicales que nous et d’échanger des plans club pour pouvoir jouer. Donc, oui, on a eu une vraie accroche avec internet.
Après, c’est vrai que c’est décrié par rapport au piratage. Mais en même temps, il y avait aussi la gravure des disques avant. Un copie sur le net, va aller à je ne sais pas combien de milliers de personnes, alors qu’avant, tu gravais un CD, tu arrivais au maximum à une centaine de copies pirates.
On n’a pas vraiment de positionnement. Au sein de Pony Pony Run Run, on n’est pas complètement d’accord sur le sujet. Moi je pense que trop de répression par rapport au piratage sur le net, ce n’est pas bon. Parce que c’est quand même aussi un outil de communication. Les gens peuvent télécharger légalement l’album, l’écouter. Si ils ont la valeur de la musique, parce que c’est peut être ça le problème : quand tu l’as gratuitement, tu ne penses pas toujours que la musique a une valeur, du moins pour ceux de la nouvelle génération. Mais rien ne les empêche d’acheter la musique plus tard, ou de venir nous voir en concert.
Donc, en fait, on n’a pas vraiment de solutions. La musique, ce n’est pas que gratuit. Et en même temps, je n’ai pas envie de fliquer les jeunes, et d’envoyer des mecs retirer la connexion et mettre des amendes.
Avant la sortie de votre premier album, vous avez fait beaucoup de concerts. Entre les retours sur internet et les retours de la scène, est-ce que le public vous a influencé, voire guidé, pour écrire cet album ?
Non. Je pense que le choix de notre album s’est posé au bout de trois ans. On ne faisait que des démos, on avait des morceaux que l’on voulait plus accrocheurs dans le tempo. A l’époque, on n’avait pas de moyens de diffusion, donc il fallait que l’on puisse accrocher en club auprès de gens qui ne nous connaissaient pas. Donc je ne pense pas que le public ait directement influé sur notre manière de créer ou de recréer les morceaux de l’album.
Par contre, après la sortie de l’album, notre public nous a permis de faire évoluer beaucoup notre live, pour aménager des parties où l’on peut davantage jouer avec lui, être plus complice et donner des parts de musicalité peut être plus folles. Donc je pense qu’il nous a permis de rééquilibrer nos morceaux de live.
Et en même temps, quand on a épuisé le tirage de l’album, on a refait une édition en Digipack où l’on a rajouté des choses que le public nous demandait. En live, on joue un morceau qui s’appelle « Star Survivor » et du coup, comme on a fait de la place sur le CD, on l’a rajouté en version démo. De même, les gens nous demandaient beaucoup de versions acoustiques, et on a donc rajouté les acoustiques. Donc oui, on a été influencé par le public, mais on a juste rajouté ce que l’on avait vécu avec lui.
PONY PONY RUN RUN - HEY YOU [OFFICIAL VIDEOCLIP]
Retour à l’écriture de l’album. Comment se sont répartis les rôles ?
Le premier album, c’était assez particulier, parce qu’il y avait des morceaux assez vieux écrits à une époque où on était plus nombreux dans le groupe. Grosso modo, l’un arrivait avec un rif, l’autre avec un synthé, le dernier avec une rythmique. Par contre, c’est toujours Gaëtan qui a écrit les textes. Après on structurait le tout, en lui donnant une ou plusieurs formes différentes. C’est une espèce de jam. On met ça de coté, puis on le réécoute…
Comment cela se passe hors de l’hexagone ? Et notamment en Angleterre. Quel est l’accueil du public étranger ?
C’est difficile à dire. Tous les publics, dans chaque pays, dans chaque ville même sont très différents. On peut dire que globalement, on a la chance d’avoir un public qui réagit bien à ce que l’on propose, même dans les pays où l’on est pas connus. C’est vrai qu’en France, on a eu un soutien médiatique que l’on n’a pas à l’étranger. En Angleterre, on a eu des bons retours médiatiques, sans avoir eu de réelle diffusion au niveau de la commercialisation du disque ou des radios. Quand on a joué en Ecosse, c’était super… En première partie de Katie Perry, le public nous a vraiment sur-poussé.
Vous êtes en pleine tournée, et après… Un nouvel album, vous y travaillez déjà ?
On y pense, on commence à écrire des brides de choses. Mais on a une tournée qui est tellement dense que l’on n’a pas vraiment le temps de se poser. Je pense que l’on écrira plus facilement après l’été, si l’étranger ne nous attire pas dans ses filets et ne nous entraîne pas dans une autre tournée dense.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Fontana
Photos : Mathieu Zazzo