43000, c’est le nombre officiel de spectateurs qui ont assisté aux trois soirées de Marsatac. Mais ce nombre pourrait être bien plus élevé si on y rajoute tous les voisins du Parc Borely, qui ont "profité" du son du festival à leur insu.
Une loi a été votée en 2018 pour régir la diffusion sonore de tout le bruit, dont les concerts. Un décret d’application vient d’être publié, mais en l’état, il est inapplicable pour les nombreux festivals organisés en plein air.
Le souci majeur vient donc de cette nouvelle réglementation. Pour simplifier, Beatrice Desgrange, la directrice du festival Marseille, explique qu’un festival ne doit pas dépasser de 3 décibels le niveau de bruit ambiant. Sachant, que tout concert, ne doit aussi jamais dépasser le seuil des 103 db, considéré comme dangereux ensuite pour les oreilles du public.
Pour essayer d’avancer, et de proposer des solutions alternatives au gouvernement, le festival Marsatac s’est associé avec l’association Agi-son, spécialisée dans les questions auditives autour des musiques amplifiées, c'est-à-dire les concerts. A l'occasion de cette édition du festival, ils ont mené une grande expérimentation.
« On a travaillé sur deux axes technique: la directivité et les infrabasses » explique Beatrice Desgrange.
Pour la directivité, un travail a été réalisé avec les loueurs de matériels, et indirectement les fabricants pour que les grosses enceintes des festivals puissent intégrer une directivité. En clair, au lieu de projeter du son à quasiment 180° devant l’enceinte, le son de cette dernière serait davantage canalisé, envoyé uniquement dans un rayon plus concentré, sur le public devant la scène. Il a donc fallu "bricoler" les enceintes du festival, et notamment celles de la grande scène.
Mais le gros du travail concerne les infrabasses. A la manière des casques et oreillettes avec réduction de bruit, une immense barre d’enceinte est installée derrière le public, à 70m de distance de la scène. C’est une ligne d’annulation.
Les premières enceintes diffusent le son du concert, ces enceintes là, diffusent une onde contraire, un son « inversé » en quelque sorte qui annule celui des enceintes de la première rangée. C’est exactement le même principe que dans un casque avec réduction de bruit. La priorité est donnée aux basses, les sons les plus graves, ce qui se propagent aussi le plus loin dans la ville.
Outre le respect des voisins, l’enjeu pour Marsatac était aussi de ne pas dégrader la qualité sonore pour les festivaliers. Pour le moment, il n’a pas été question de baisser le niveau sonore des concerts ni de faire l’impasse sur les basses. Par contre, et c’était négocié dès le départ avec la ville, le festival avait l’obligation de couper le son à 2h du matin vendredi et samedi soir et minuit dimanche soir.
« Cela nous oblige à monter des systèmes complexes, différents de ce qu’on a l’habitude de faire, et surtout travailler avec des acousticiens. Cela représente environ 3% du budget du festival. » souligne Beatrice Desgrange.
Reste à mesure l’impact réel et précis de ce travail avec le voisinage. Des mesures ont été réalisées pendant le festival, les premiers résultats semblent très encourageants. Mais la propagation du son reste une science bien complexe, et il a suffit que le vent s’en mêle, comme vendredi soir, pour que ce travail soit remis à plat.