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Le parc balnéaire du Prado va vivre sa révolution

Il y a 45 ans naissaient les plages du Prado. Face aux changements climatiques et aux évolutions des usages, la Ville de Marseille souhaite travailler sur un grand projet de réaménagement en impliquant les habitants.

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 04/07/2023
Le parc balnéaire du Prado va vivre sa révolution

C’est un vaste triangle entre la base du Roucas Blanc, la Vieille Chapelle et le Parc Borely qui est amené à évoluer dans les prochaines années. Conçues de toute pièce dans les années 70 en réutilisant notamment les remblais des lignes de métro, les plages du Prado ont vieilli. La ville réfléchit donc à leur offrir un grand lifting.

Un comité de pilotage du littoral sud s’organise. La priorité de la municipalité va être de repenser cet espace balnéaire avec les habitants et ses utilisateurs. Un grand concours et appel à idées devrait être lancé.

Le parc balnéaire du Prado offre des perspectives inédites de développement et d’aménagement mais doit composer avec la nature. « Nous sommes face à une urgence environnementale au XXIème siècle » rappelle Hervé Menchon, l'élu en charge du littoral et des plages. « Nous sommes confrontés à la hausse du niveau de la mer. L’érosion s’intensifie, il faut anticiper les dégâts à venir. Soit nous accompagnons cette montée des eaux, soit nous durcissons le trait de côte, mais alors les plages disparaissent. D’ici 10 à 30 ans, on s’aperçoit qu’il peut y avoir un emballement».

L’agrandissement des plages en question

© A. BLONDIAUX / Provence Tourisme

Les premières conséquences sont visibles : comme dans beaucoup de communes, le sable ou les gravillons ont tendance à disparaître et la plage se réduire.

A l’Escale Borely et face au recul du trait de côte, la ville a récupéré 3000m² en réorganisant les plages privées. La nature a gagné, les commerçants ont perdu, et le grand public garde la plage.

Ailleurs c'est plus compliqué. Face au déficit de lieux de baignade sur les 57km du littoral marseillais, il n’est pas question de supprimer des plages. Au contraire, la ville souhaite même parfois en agrandir quelques unes, comme par exemple celle de la Pointe Rouge.

Sur sa partie nord, en allant vers celle de la Vieille Chapelle, la ville pourrait allonger la plage, en remontant au niveau du rond point du Boulevard Mireille Jourdan Barry. En y déposant du sable, elle pourrait ainsi gagner près de 300m et faire la jonction avec la Vieille Chapelle.

Mais Hervé Menchon prévient « Il y a un gros travail à faire avec la SERAMM pour l’évacuation des eaux pluviales ». En effet, une partie des eaux pluviales de ce secteur sont rejetées à la mer lors des orages. C’est d’ailleurs pour cela que la plage de la Pointe Rouge est assez sensible et souvent fermée après les précipitations. En agrandissant la plage jusque là, le risque serait donc qu’elle soit encore plus sensible. Il faut donc réfléchir à un nouveau cheminement de l’évacuation des eaux pluviales. Bref, il ne s’agit pas de rajouter simplement du sable, mais d’un aménagement important et donc la nécessité d’investissements financiers conséquents, à la fois pour la ville et la métropole.

Ailleurs, c'est un plan B qui a été trouvé par la ville. On oublie le concept de plage, mais on garde tout de même l'accès à la plage depuis les rochers ou le béton. La ville a installé plusieurs échelles de bain cet été. Pas aussi sympa qu'une plage, mais ça permet au moins de se baigner.

La salinisation des nappes phréatiques ici aussi

Une autre conséquence, moins visible en surface, est la présence d’une nappe d’eau salée aux portes du parc Borely.

En raison de la hausse du niveau de la mer et de la baisse de l’arrivée d’eau douce en provenance de l’Huveaune, déviée au niveau du stade vélodrome, l’eau douce est progressivement remplacée par une eau salée avec des conséquences importantes à venir sur la végétation. Certains arbres ne peuvent survivre avec une présence de sel.

La Métropole réfléchit depuis des années à permettre à l'Huveaune de retrouver son cheminement naturel jusqu'aux plages, mais la question de la qualité de son eau doit être d'abord résolue. 

Deux solutions donc: soit des solutions permettent de limiter ce phénomène de salinisation, soit on adapte la végétation avec des plantes halophytes, c'est à dire qui peuvent se developper dans cet environnement salé.

Les Marseillais invités à imaginer leurs futures plages idéales

© P. MESSINA / Provence Tourisme

« C’est aux Marseillais de dire ce qu’ils veulent aux plages du Prado ! L’enjeu, c’est que les gens s’approprient le littoral. » précise Hervé Menchon qui ne veut pas être dans une démarche où la ville va imposer sa vision. Les clubs sportifs, les associations, les professionnels, les citoyens seront donc appelés à exprimer leurs envies : davantage d’équipements sportifs, pour les familles, de plage, de pelouse…

L'espace est immense: Les plages du Prado, du Roucas à la Vieille Chapelle, ce sont 42ha. Et autant pour le Parc Borely et l’hippodrome.

Justement, l’avenir de l’hippodrome Borely doit aussi être définitivement tranché. C’est la mairie de secteur qui gère pour le moment ce dossier. La première étape devrait être la transformation du cœur de l’hippodrome. L’actuel terrain de golf est voué à devenir dès l’année prochaine un lieu de loisirs et de sports. La convention d’exploitation du golf expire cet été et offre une opportunité facile pour la mairie du 6-8 d’aménager cet espace de 7ha.

Reste la question majeure de l’avenir de l’hippodrome, et pas uniquement son coeur. Depuis des années, il existe une volonté politique de faire la liaison entre le parc Borely et les plages, permettant ainsi de disposer d’un large espace de détente et de loisirs pour les Marseillais.

L’accessibilité des plages du Prado à repenser

Outre le sort de l’hippodrome, dont les locataires semblent peu disposés à plier bagages, c’est aussi la question de l’accessibilité de la zone qui devra être repensée.

Aucun tramway, bateau ou métro ne dessert ce secteur. Résultat, en été, les bus sont pris d’assaut. Martine Vassal, la Présidente de la Métropole, imagine un tramway qui pourrait aller à la Pointe Rouge et certainement desservir les plages. Ce n’est cependant pas le dossier n°1 dans sa liste d’aménagements prioritaires pour Marseille, notamment face au désenclavement des quartiers nord.

Il y aurait l’alternative des navettes maritimes. Techniquement c’est possible, ça a même été testé lors du Tour de France il y a quelques années. Mais face au trafic annoncé, un cadre de la RTM nous expliquait il y a quelques mois que cela coûterait très cher pour un faible nombre de passagers transportés.

Côté voiture aussi, ça reste un sujet sensible. Une hypothétique liaison directe entre le parc Borely et les plages nécessiterait une solution pour l’avenue Mendes France particulièrement fréquentée et qui reste la voie principale de jonction avec le secteur Pointe Rouge. En l’absence d’avancées sur l’aménagement du Boulevard Urbain Sud, cette question est encore loin d’être résolue.

Une chose est certaine et fait consensus au plan politique : l’organisation des Jeux Olympiques et l’aménagement de la Marina ouvrent de nouvelles perspectives. La ville va récupérer des équipements flambants neufs. Les premières études doivent être lancées dans les prochains mois. On reste malgré tout sur un temps long. Il faut déjà attendre la fin des Jeux Olympiques, et probablement aussi les prochaines élections municipales pour se baigner sur les plages du Prado réaménagées.

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