Cinq actrices et acteurs sur le plateau affrontent ce que Natalia Ginzburg nomme «l’Effroi» qui pourrait correspondre à la page blanche de l’écrivain, se situant quelque part dans le décalage entre l’intimité d’une parole écrite et sa mise en scène devant un public.
Si Nanni Moretti s’empare de textes de choix de Natalia Ginzburg, c’est pour en faire le miroir de nos vies. De même qu’il le fait avec brio dans son cinéma, il déconstruit ici avec méthode, finesse et humour, les valeurs de la bourgeoisie. Mariage, fidélité, maternité, amitié: tout y passe, sur le ton d’une futilité qui révèle la fragilité de ces piliers. Entre scènes sentimentales, conflits sans fin et anecdotes tumultueuses, ce sont autant d’hommes et de femmes désenchantés, aux valeurs éthiques inconsistantes, qui se dessinent au cœur de ces grappes familiales. Devant cet implacable constat de la fin d’un monde, Nanni Moretti s’amuse à troubler les codes entre tragédie et comédie.