UN OUVRAGE DE JEUNESSE
Les Pêcheurs de perles constitue le premier opéra d’un Bizet de 25 ans tout juste revenu de ses trois années de séjour à la Villa Médicis en tant que Grand Prix de Rome 1857 de composition musicale. Les fameux librettistes Jules Barbier et Michel Carré, dont il a adapté à Rome La Guzla de l’émir en opéra-comique, ont joué le rôle d’entremetteurs auprès de Léon Carvalho, directeur du Théâtre- Lyrique. Sur un livret de Michel Carré et Eugène Cormon, les Pêcheurs y reçoivent néanmoins un accueil mitigé et ne seront plus donnés du vivant du compositeur. On loue pourtant aujourd’hui les beautés mélodiques et orchestrales de la partition, à l’instar de Berlioz qui, dès la création, avait vanté dans le Journal des débats ses « beaux morceaux pleins de feux et d’un riche coloris ». Vingt ans avant Lakmé (1883), l’amitié des deux pêcheurs cingalais Nadir et Zurga, brisée par leur rivalité amoureuse – tous deux convoitent d’une flamme interdite Leïla, prêtresse de Brahma –, emporte l’auditeur sur les rives d’un exotisme lointain, marqué au fer rouge de la passion tragique.
UNE DISTRIBUTION CONQUÉRANTE
Bien connu des festivaliers dans le répertoire baroque, mozartien ou belcantiste – entre 1993 et 2014, il a ainsi dirigé à Aix-en-Provence L’Europe galante, L’incoronazione di Poppea, Le nozze di Figaro, Die Entführung aus dem Serail, Idomeneo, Don Giovanni, Il Turco in Italia ou Les Boréades –, Marc Minkowski leur offre ses tout premiers Pêcheurs de perles, à la tête des Musiciens du Louvre rejoints par le Chœur de l’Opéra Grand Avignon.
Le trio de protagonistes fait également événement. Après ses éblouissants Aménophis (Moïse et Pharaon, 2022) et Titus (La clemenza di Tito, 2024), le ténor samoan Pene Pati effectue sa prise du rôle de Nadir – nouvelle et cruciale étape dans l’exploration par l’artiste du répertoire français, après ses Roméo (Roméo et Juliette), des Grieux (Manon), Fernand (La Favorite) et deux Faust (La Damnation de Faust et Faust).
Autre prise de rôle : celle de la soprano arménienne Mané Galoyan en Leïla, deux ans après son succès dans le rôle de Berthe (Le Prophète, 2023). Quant à Florian Sempey, dont l’Henri Ashton acclamé en 2023 (Lucie de Lammermoor) et l’Oreste d’Iphigénie en Tauride (2024) ont confirmé l’excellence dans le chant français, il revient à Aix dans le rôle de Zurga, dont il est familier. Enfin, Edwin Crossley-Mercer fera ses débuts dans le rôle de Nourabad – issu de l’Académie 2007, il a successivement incarné au Festival d’Aix Guglielmo (Così fan tutte), Osiride (Moïse et Pharaon) et Oberthal (Le Prophète).
OPÉRA EN TROIS ACTES
LIVRET D’EUGÈNE CORMON ET MICHEL CARRÉ
CRÉÉ LE 30 SEPTEMBRE 1863 AU THÉÂTRE-LYRIQUE, PARIS
Durée : 2h15 avec un entracte
Spectacle en français surtitré en français et en
Infos/réservations : festival-aix.com