Elégamment construite, leur musique qui défie toute tentative de classification de genres est une longue longue transe savamment improvisée ! C’est en maîtres-artisans d’une ensorcelante techno-jazz-électro-funk-afrodisiaque que les musiciens de ce trio époustouflant conversent ; chacun jouant aussi bien avec ses instruments et les machines qu’au fil de ses ressentis. En une subtile profusion de styles, ils créent avec le public un égrégore de consciences évoquant et convoquant mille ailleurs qui laisseront sans répit les corps ravis par cette expérience cathartique !
Lancé initialement avec le batteur nigérian Tony Allen, créateur regretté de l’afrobeat, le second volet du projet Tomorrow Comes The Harvest se poursuit avec ce même goût de la fusion solaire. S’il porte la magistrale griffe musicale de Jeff Mills – figure emblématique d’une techno politique née dans les ghettos noirs de Detroit avec son collectif Underground Resistance –, il s’adjoint les performances non moins remarquables du pianiste-claviériste jazz Jean-Phi Dary et de Prabhu Edouard aux tablas et voix.
Sur une scène envahie par un instrumentarium impressionnant composé de lames de bambous venus d’Asie ou des régions tropicales d’Amérique, de marimbas, d’angklungs (instruments à vent indonésiens), de percussions (taikos japonais, gender indonésiens au son métallique) quatre individus masqués s’avancent… Purs produits du Conservatoire passés par le Bamboo Orchestra de Marseille du maître Makoto Yacubi dont ils ont dévoyé l’héritage ascétique, ces parias resteront anonymes pour organiser leur trahison à coups de reverb’, de beats stroboscopiques et de musique électronique répétitive, dans la lignée d’un Steve Reich. Avec un sens aigu de la performance scénique et une parfaite maîtrise autant mélodique que rythmique, ils réussissent à transcender l’inquiétante étrangeté qu’ils produisent en une transe spirituelle dansante !
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