La pièce d'Angelin Preljocaj et le livre de Laurent Mauvignier évoquent et questionnent librement un tragique "fait divers"survenu en 2009 à Lyon. Un jeune homme meurt sous les coups d'un groupe de jeunes agents de sécurité dans un supermarché.
Si cette pièce chorégraphique est en tout point une sublime performance, et je vous dirai plus en détails pourquoi, je me dois également de vous préciser qu'elle s'adresse à un public adulte.
En effet, au fil de l'exploration du sujet, les mots alliés aux mouvements sont les uns et les autres si justes et percutants qu'ils provoquent chocs et émotions pour le spectateur. D'autres s'offusquent ou dénigrent, mais quoi qu'il en soit Preljocaj à réussi : personne ne ressort indemne de ce spectacle.
Comme à son habitude - admirable - le travail des danseurs du ballet résonne d'un seul coeur, harmonisé au millimètre près.
Cet ensemble parfait devient tour à tour inquiétant lorsqu'il met en scène le groupe des "bourreaux", effrayant au moment de l'homicide et pathétique lors de l'incarcération, de la honte, de la pitié.
Aurélien Charrier, Fabrizio Clemente, Liam Warren, Yan Giraldou et Carlos Ferreira Da Silva sont tout simplement impressionnants de justesse, de subtilité au delà de la perfection de leur technique.
Un mot également sur Baptiste Coissieu : une victime digne et fragile, sa danse incarne la force du désespoir et bouleverse profondément le public.
Une pièce à voir deux fois, l'une pour y être pris comme dans une toile l'autre pour mieux apprécier la puissance des danseurs.
Agnès Rosa-Sentinella
Photos : Didier Philispart