Cette exposition est le fruit d’une circonstance : la crise sanitaire déclarée, nous avons été contraints de reporter les expositions personnelles d’Hannah Waldron, Lisa Mouchet et Sabine Finkenauer. Comment inventer une réponse en peu de temps ? Comment prendre de nouveau le risque de l’annulation ? Poursuivre aussi notre désir et notre mission en défendant le travail des artistes, bien malmenés et peu aidés par les temps qui courent.
Nous avons choisi d’inviter des artistes à nous confier des œuvres, quelques unes. En mains propres, pour ceux qui résident dans la région, ou en nous les expédiant s’ils ne pouvaient se déplacer. Voici donc les coulisses de cette exposition, mais si les contraintes de circonstance ont dicté le mode opératoire, elles ne disent rien de ce qui nous est donné à voir : de la peinture, du dessin. Des œuvres joueuses, qui ont l’évidence et l’exigence du geste simple, et qui se présentent à nous avec légèreté, par ces temps pesants.
Ainsi, ces Variations sont le signe d’un changement, mais elles sont avant tout picturales : à la manière de musiciens qui font des variations un procédé leur permettant de tourner autour d’une mélodie, d’un thème, de l’explorer et de le transformer par touches successives, les six artistes invités nous présentent ici des fragments de séries - ou des séries entières. Ils ont en commun ce goût de la répétition d’un geste, d’une figure, d’une image. Des dyptiques en naissent, des triptyques, des séries de dix, vingt dessins qui étirent un mouvement et qui inventent ensemble une histoire faite de lignes et de couleur.
Avec :
Jin Angdoo
Jin Angdoo est née à Séoul, a vécu à Paris et vit actuellement à Los Angeles. Créatrice de courts métrages truffés d’inventions formelles surprenantes, Jin Angdoo explore depuis quelques années de nouveaux supports de création : le textile, le papier, mais aussi la peinture dans l’espace public, notamment avec le collectif Moderne Jazz. Les dessins qu’elle présente ici font partie d’un ensemble de bouquets peints à l’occasion de son exposition « Les Fleurs », réalisée avec Alexis Poline en décembre 2019 à Coco Velten.
Sabine Finkenauer
Malicieuses et élémentaires, les formes que Sabine Finkenauer invente ont la grâce de l’insouciance. Née en 1961 à Rockenhausen (Allemagne), elle vit et travaille à Barcelone. Elle dessine sur papier, peint sur toile, réalise des collages ou des sculptures où se croisent couleurs, constructions, rythmes, qui parfois évoquent des ossatures architecturales, des objets familiers ou des structures végétales sans jamais les désigner avec certitude. En lieu et place d’une exposition personnelle prévue aux mêmes dates, elle présente sept dessins issus de deux séries datant de 2019.
Marine Pagès
Diplômée des Beaux-Arts de Paris, Marine Pagès a longtemps vécu à Marseille, et réside actuellement à Paris. Enseignante en école d’art, elle est également corédactrice en chef de Roven, revue critique sur le dessin contemporain, qu’elle a crée en 2019 avec Johana Carrier. Les travaux qu’elle présente au Studio ont été réalisés durant le confinement, ils sortent tout droit de son atelier. Ils s’inscrivent dans un ensemble débuté en 2018 et dont le titre, Les Intermédiaires, disent le statut incertain qui est le leur, oscillant entre dessin et sculpture. Ou plus précisément : ce sont des dessins qui installent un jeu graphique révélant à nos yeux des objets. Des architectures de peu, faites de lignes et de liens.
Geoffroy Pithon
Né en 1988, Geoffroy Pithon vit et travaille à Nantes. Graphiste au sein du collectif Formes vives, il est également peintre. Deux pratiques à priori contraires, tant de contraintes pesant sur la première, et tant de liberté caractérisant la seconde. Pourtant, son art infuse son métier en permanence, et inversement : cette porosité traduit l'envie d'élaborer un langage propre où les couleurs, les mots, la gaucherie, les formes et les figures forment une chorale plus ou moins stable, dansante et énergique. Il présente une série de trois dessins réalisés dernièrement, et qui rappelleront aux visiteurs le travail déjà entrevu l’an dernier au Studio dans l’exposition « Fripitions ».
Alexis Poline
Né à Angers, Alexis Poline vit désormais à Marseille où il développe un travail nourri par la peinture moderne autant que par l’imagerie enfantine, et faisant écho à une pratique décomplexée du graffiti. Sur les murs ou sur papier, il joue avec les formes et les couleurs qu’il veut simples, radicales et modulables. Il présente au Studio une série récente de dessins intitulée Uchi-Komi, réalisée pour une exposition à Nantes en mars dernier, et qui a dû fermer le lendemain de son vernissage. Études du paysage et des saisons, fruits d’un travail quasi journalier, tel un uchi komi, exercice de Judo qui consiste à répéter un mouvement.
Hannah Waldron
Il y a dix ans, Hannah Waldron découvrait et s’emparait de la technique du tissage pour créer son propre langage graphique, entre figuration et abstraction. Depuis, elle a mis entre parenthèses sa pratique d’illustratrice et n’a cessé d’explorer les possibilités offertes par le support textile, combinant motifs géométriques, couleurs et trames, dessinant des cartographies sensibles et poétiques, retranscriptions visuelles d’un voyage ou d’un paysage. En avril dernier devait s’ouvrir chez nous sa première exposition personnelle en France. Reportée à l’automne, les quelques pièces présentées ici (un tapisserie et des gouaches) nous aideront à patienter un peu.
Entrée libre du mercredi au dimanche de 14h à 18h30
Mesures de sécurité liées au COVID-19 :
- pas de vernissage
- 10 personnes maximum dans le lieu
- distanciation sociale
- précautions sanitaires