Cette exposition entend présenter de manière accessible et réflexive une histoire décentrée du monde du XIIIe au XXIe siècle. Sans prétendre représenter le monde dans sa totalité, elle propose aux visiteurs d’abandonner la perspective occidentale encore dominante aujourd’hui, afin de privilégier d’autres points de vue en Asie, en Afrique, en Amérique et en Océanie, où sculptures, peintures, textiles, cartes, objets archéologiques, manuscrits et arts décoratifs donnent à voir autrement les mondialisations successives.
Ces oeuvres permettent d’appréhender le rapport au temps et à l’espace des sociétés en dehors de l’Europe tout en mettant en lumière leur manière d’écrire l’histoire. Peau de bison lakota, bambou gravé kanak, sarong historié javanais, récit de griot sénégalais témoignent de l’infinie richesse des historiographies vernaculaires.
Les voyages et les explorations des marchands, pèlerins et savants arabes, asiatiques ou africains qui «découvrent» des contrées lointaines et produisent de nouveaux savoirs vont veni bouleverser ces conceptions du monde dites traditionnelles. Les cauris africains comme les cartes de navigation chinoises nous rappellent avec force que la mondialisation fut multipolaire, en Asie centrale, dans l’Océan indien et bien au-delà.
Dans le prolongement du décloisonnement progressif du globe, les Européens eux-mêmes deviennent les sujets de nombreuses et parfois déroutantes représentations, et le monde un objet de multiples curiosités et d’ambitions encyclopédistes hors d’Occident.
Face au récit européocentré produit par les empires coloniaux à partir du XVIIe siècle, les souverains, les élites et les artistes des autres continents ont cherché à se réapproprier leur histoire, parfois en s’inspirant des pratiques occidentales, pour mettre en scène leur pouvoir ou la résistance anticoloniale.