L’ouverture, au son du Printemps, la plus connue des Quatre Saisons de Vivaldi, présente la vingtaine de danseurs et danseuses, vêtus sobrement, qui déploient des figures d’une harmonie régulière et géométrique, cernés par un décor de grands pétales muraux formant écrin aux tableaux dansés. Tout semble réuni pour une évocation contenue et maîtrisée du défilé des saisons, scandé par l’alternance avec des pièces en duos et quatuors où le noir des costumes est rehaussé d’éléments colorés rappelant les tenues du baroque.
Au détour de cet enchaînement de pièces à l’esthétique graphique et la technique irréprochable, le chorégraphe introduit des éléments inattendus tant musicaux que chorégraphiques : d’autres airs en hommage aux saisons composés par un contemporain peu connu Giovanni Antonio Guido, qui font contrepoint à Vivaldi, et pour les parties dansées, une atmosphère différente prend progressivement de l’ampleur avec la métamorphose d’un, puis, deux, puis tous les danseurs qui remettent en cause la place de l’humain au sein du monde vivant.
En une heure à peine, les danseurs des tableaux néo-classiques font place à des êtres mi-humains mi-animaux, avec une gestuelle soulignée par des ailes-
pétales noirs aussi surprenants qu’inquiétants.
Isabelle Savy
Photos : Didier Philispart