Le dossier de presse de la Ville de Marseille annonce fièrement 120 millions d'euros de retombées économiques attendues pour la ville et 181 millions d'euros pour le territoire. La ville espère attirer plus d'un million de visiteurs au stade et sur la Fan Zone. Elle se base sur une étude du Centre de Droit et de l'économie du sport de Limoges.
Dans les faits, si l'optimisme reste de rigueur, les professionnels du tourisme sont un peu plus partagés.
Les hôtels et locations complets les soirs de match
Du côté des hôtels, l'Euro est à double tranchant : La plupart des hôtels affichent complet les soirs de match au Vélodrome. Mais, c'est le paradoxe de l'Euro, ils ont bien plus de mal à remplir les autres soirs. D'autant plus qu'ils se privent, du coup, des touristes à la semaine. Beaucoup de supporters viennent pour des courts séjours en suivant leur équipe sans pour autant visiter la région sur une semaine par exemple.
"Une chaîne d'hôtel présente dans plusieurs villes m'explique que Marseille est la ville où il y a le plus de réservations." Dominique Vlasto, adjointe au tourisme à la Ville de Marseille
En 1998, un hôtelier interrogé nous expliquait que les touristes restaient plusieurs jours pour visiter la région. La dimension mondiale expliquait aussi le fait que ces visiteurs étaient venus de loin pour supporter leur équipe, mais aussi pour découvrir la France.
Même phénomène pour la location entre particuliers : Pauline, une habitante qui propose son appartement à proximité du Vieux Port avait des difficultés pour le louer à la semaine, mais il a été réservé en quelques heures dès qu'elle l'a ouvert juste pour les jours de match. Au final, ça reste une bonne affaire pour elle puisqu'elle a pu multiplier par trois son tarif sur ces jours clés. D'une manière générale, l'Euro a boosté ses réservations, et bien en amont : les premières demandes ont été faites dès janvier.
Dans les hôtels, s'il y a bien eu une hausse des tarifs (entre 20 et 50%), elle a souvent été appliquée uniquement les soirs de match.
La culture plus forte que le foot
D'une manière générale, ce sera un bon mois de juin pour les hôteliers mais rien d'exceptionnel par rapport aux autres années. Interrogé, un hôtel du 7ème arrondissement nous explique que 2013 avec la Capitale Européenne de la Culture reste son année de référence. En comparaison, le chiffre d'affaire de l'Euro sur le même mois de juin sera plus faible d'environ 20%.
Marseille Provence 2013 avait duré toute l'année, permettant aussi un bon remplissage sur des périodes habituellement creuses, hors de la saison estivale. L'Euro est à double tranchant, il est organisé sur une période où les touristes sont traditionnellement déjà bien présents dans la région.
Un impact limité pour les grèves, les attentats ont retardé les réservation
Difficile de mesurer l'impact réel des grèves et des attentats. "Il y a eu très peu d'annulations. C'est notamment le cas d'Américains auxquels le Président Obama a dit 'Passez vos vacances aux Etats Unis, n'allez pas en Europe, n'allez pas en France, regardez les matches à la télévision'. Et bien nous, lors des événements du 11 septembre, les professionnels du tourisme sont allés aux USA pour les soutenir. Je regrette qu'ils n'aient pas fait la même chose." explique Dominique Vlasto, adjointe au tourisme à la Ville de Marseille. "Les événements font que les gens attendent un peu de voir. Les réservations ne sont pas à 100%, mais si je prends l'expérience du Mondial 98, au dernier moment on a rempli les hôtels. Je ne suis pas inquiète sur le remplissage des hôtels."
Même sentiment chez les hôteliers, mais avec un bémol tout de même : si les fans de football sont bien au rendez-vous, les professionnels du tourisme auraient bien aimé accueillir davantage de touristes qui auraient découvert la France à l'occasion de l'Euro. Des familles et plus généralement des touristes européens qui seraient venus en France en vacances et en aurait profité pour suivre l'Euro. C'est ce public en particulier qui semble avoir retardé, voire annulé, ses vacances en France à cause des grèves et des attentats.
Les hôteliers restent lucides. Si les taux de remplissage ne sont pas de 100%, sans l'Euro, la saison aurait été bien plus difficile.