Corderie : Comment la ministre souhaite aménager le site

Publié par Jean-Baptiste Fontana le 13/11/2017

Françoise Nyssen a obtenu de Vinci quelques avancées sur le dossier de la Corderie. Si la mobilisation continue, on sait au moins comment le ministère souhaiterait que le site soit aménagé.

La Ministre de la Culture, Françoise Nyssen, s'apprête à classer les 635m² de la carrière antique de la Corderie. Cette décision est attendue depuis la fin juin, mais elle devrait désormais permettre aux différents acteurs de travailler sur le futur de la carrière. Vinci souhaite commencer les travaux mais la mobilisation reste forte contre son projet. Si la situation reste toujours tendue, on sait désormais comment le ministère et Vinci souhaitent aménager la carrière.

Un belvédère pour visualiser la carrière

C'est la vraie nouveauté dévoilée dans le communiqué de la Ministre publié  mercredi dernier: Un belvédère avec ascenceur devrait être créé pour "contempler" les vestiges. Selon nos informations, il serait situé du côté de l'actuel jeu de boules de la Corderie lequel est quasiment au niveau de la carrière. Ce serait donc un mirador créé pour l'occasion.

Une idée qui est loin de faire l'unanimité et qui est surprenante : il y a le parc Pierre Puget de l'autre côté qui dispose d'une vue directe sur le site. D'autre part, le chemin qui longe le rempart permet lui aussi un point de vue complet et rapproché sur ces vestiges sans aucun aménagement particulier.

Quand l'accès au site sera possible ?

Personne ne souhaite s'engager encore aujourd'hui. Certaines rumeurs laissent entendre que le site ne serait accessible au grand public que lors des journées du patrimoine (et plus régulièrement pour les publics scolaires). Une solution que rejettent en bloc les défenseurs de la carrière. Ainsi, le mirador serait accessible toute l'année mais le chemin qui borde les vestiges uniquement quelques jours par an. Le public n'aurait donc pas un accès direct aux vestiges, mais surtout, resterait à distance de la résidence.

En tout cas, ces questions restent à trancher. " Il faut envisager toutes les solutions." précise Sabine Bernasconi "La Mairie de Secteur s’est proposée d’organiser un travail collectif avec les différents acteurs. On travaille pour revaloriser le site de la manière la plus complète possible. Suite aux arbitrages de la Ministre, on ouverte une démarche de construction et de valorisation collective." complète t-elle. 

Les "colonnes" vont être déplacées

C'était l'un des points de crispation des défenseurs de la carrière : l'avenir des "premières colonnes grecques de Marseille". En réalité, il s'agirait plutôt d'un banc de taille, permettant d'extraire des blocs destinés à un usage autre que des colonnes. Cette partie serait donc déplacée de quelques mètres, car elle est actuellement située dans la zone qui doit être construite. Une opération qui sera néanmoins complexe compte tenu de la fragilité de la roche.

Les vestiges sous une protection de verre

Le calcaire de cette carrière est poreux et résiste mal aux intempéries, notamment aux attaques de l'eau. S'il a été conservé dans ce parfait état, c'est parce qu'il a été recouvert pendant des siècles. Il est donc nécessaire de protéger cette roche. Le ministère indique donc qu'une "protection de verre" va être créée. Seul problème, il ne parle uniquement que des colonnes déplacées.

Aujourd'hui, les défenseurs de la carrière souhaitent que cette protection de verre soit étendue à toute la zone des 635m² sauvegardés.

De nouvelles fouilles sont programmées

Le puits antique, situé dans la zone protégée, va faire l'objet d'une fouille archéologique complémentaire indique le ministère. Lors des premières vagues de fouille, seule sa partie supérieure a été explorée.

Cependant, il n'est pas question aujourd'hui de fouiller le reste de la parcelle. Cela a déjà été fait en grande partie. Toutefois, si durant les travaux de nouvelles découvertes seraient réalisées, les travaux seraient immédiatement stoppés pour permettre de nouvelles fouilles.

Des objets présentés au public et des outils numériques

Lors de la fouille réalisée au premier semestre 2017, "quelques éléments mobiliers remarquables mis au jour". Il s'agit de fragments de sarcophages, d'une base de pressoir en pierre datant de l'époque grecque. Ils seront également présentés dans le cadre du dispositif de valorisation précise le ministère. De son côté, Vinci "travaillera à la mise en place de panneaux et d'outils numériques permettant la transmission de la connaissance sur ces vestiges à un large public."

CIQ, associations et collectifs maintiennent la pression 

Ils agissent en rangs dispersés mais sont toujours aussi combatifs. Le CIQ continue sur la voie judiciaire pour obtenir l'annulation du permis de contruire. "Cela reste une ligne rouge pour nous" précise Guy Coja du CIQ, qui souhaite trouver une autre vocation au terrain de 4.000m² et attend le verdict du Tribunal Administratif le 21 novembre.

De son côté, le collectif citoyen porté par Sandrine Rolengo souhaite avant tout protéger la carrière dans son intégralité, peut importe s'il y a un immeuble à côté du moment qu'il ne détruit rien au site antique Elle souhaite aussi engager un dialogue franc et constructif avec Vinci pour trouver un compromis. "Il faut aller encore plus loin dans la protection de la carrière" souligne t-elle.

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