Nappe sonore électro continue, 4 jeunes gens face à nous, regards directs. Gestes minuscules, au ralenti, comme suspendus. C’est d’abord la parole passant de l’un à l’autre qui retient l’attention. Elle évoque le corps des adolescents ; ressentis, peurs, manies et petites folies, tantôt dérangeantes tantôt cocasses, et qui nous relient dans une grande familiarité entre humains.
Les corps évoqués verbalement se déploient ensuite, la musique les suit, soulignant les gestes qui se font plus amples, les visages s’animent jusqu’à grimacer, les costumes glissent et tombent, les chenilles se font chrysalides. Le quatuor occupe l’espace d’une manière organique ; sans jamais se toucher, les 4 danseurs restent groupés serrés, s’accompagnant, développant une force palpable rappelant celle d’un vol d’oiseaux.
Les voix se taisent enfin pour céder toute la place aux corps qui exultent : les chrysalides sont devenues des papillons qui osent briller de mille feux après s’être affranchis du discours. L’émotion jaillit de cette connexion à la fluidité des mouvements jusqu’à un final débridé, une sarabande sauvage et cathartique. Un moment de partage transgénérationnel joyeux, à en juger par les réactions du public vibrant qui ne boude pas son plaisir.
Moment qui peut trouver prolongement avec la projection du documentaire « Rêves » d’Arthur Pérole et Pascal Catheland qui sort au cinéma Le Gyptis le 29 novembre et qui montre la genèse de l’inspiration de Tendre Carcasse – des collégiens se confient sur des sujets allant de l’intime à l’universel, et où le parlé fait place au dansé.
Isabelle Savy
Photos : Didier Philispart