aujourd'hui 21h
Jusqu'à la fin de sa vie, Henri Matisse a exploré les limites de la peinture traditionnelle, cherchant « autre chose que l’espace réel ». Ses œuvres, marquées par des recherches radicales, ont repoussé les frontières de la représentation et de l’expression artistique. Le Musée Matisse propose, jusqu’à la fin des travaux du MAMAC, une exposition exceptionnelle intitulée "Contrepoint Yves Klein dans les collections du musée Matisse", qui met en lumière les affinités entre les œuvres de Matisse et celles du célèbre artiste Yves Klein.
L’une des plus grandes révolutions de Matisse fut sa capacité à investir l’espace au-delà des frontières du tableau. Par ses papiers gouachés découpés, il a transcendé la notion de limite, laissant la couleur envahir la toile, parfois au-delà des bords, créant une œuvre qui ne se restreint plus à un cadre défini. Matisse a ainsi offert au monde une sensation de fluidité, d’envol, où la couleur s’émancipe de la surface pour habiter l’espace tout entier.
Dans le même esprit de rupture avec les conventions picturales, Yves Klein s’est approprié l’espace et le bleu, qui devient une signature dans son œuvre. Dès 1946, il choisit de "signer son nom de l’autre côté du ciel", ouvrant ainsi un dialogue direct avec l'infini. Son bleu Klein, l’un des monochromes les plus emblématiques du XXᵉ siècle, semble posséder la même liberté de mouvement que les papiers découpés de Matisse, offrant une vision de l’espace qui échappe aux contraintes physiques du monde tangible.
L'exposition met en lumière cette filiation entre deux artistes qui, chacun à leur manière, ont déconstruit les principes traditionnels de la peinture. Tandis que Matisse, avec ses découpages, cherche à libérer l’espace à l’intérieur de la toile, Klein, de son côté, élargit l’espace jusqu’à l’infini. Bien que leur approche et leur technique diffèrent, leur sens de la couleur et de l’espace, leur capacité à exploiter l'immatériel et à repousser les limites du support pictural les rapproche.
Le prêt de huit œuvres d'Yves Klein au Musée Matisse s’inscrit dans une dynamique de recherche collaborative entre les deux musées niçois, et constitue une opportunité unique de découvrir, en parallèle, les points de convergence entre leurs univers respectifs. Ce dialogue inédit entre Matisse et Klein nous invite à repenser les notions de couleur, de volume, et de limite. Le bleu Klein, toute-puissante couleur de l’infini, fait ainsi écho aux papiers découpés de Matisse, dans une conversation vibrante entre la lumière, l’espace, et la couleur.
