Pour la première fois, plusieurs centres commerciaux ont été visés cette nuit. Le Merlan, Grand Littoral, les Terrasses du Port, et un magasin Aldi défoncé à la voiture bélier puis incendié.
En ville, le décor est tout aussi désolant. Dans de nombreuses rues on voit les stigmates d’une nuit de pillage, avec des grilles de magasin éventrées, des ouvriers qui s’affairent à protéger ce qui n’a pas encore été volé, des cendres du mobilier urbain incendié.
La Rue Saint-Ferréol est l’une des plus touchée, mais le périmètre est bien plus large, avec les tabacs et boutiques d’objets de valeurs ciblées en priorité.
Symbole de la détresse de ce centre-ville, le Centre Bourse a été envahi cette nuit, saccagé et pillé. Il avait pourtant tenu jeudi soir mais n’a pas tenu ce vendredi face aux assauts répétés des casseurs. Seul les Galeries Lafayette ont été épargnées et pu ouvrir aujourd’hui, mais la galerie commerciale restera fermée.
Bastien tient une boutique d’optique au Centre Bourse. « Il est dévasté psychologiquement » explique un ami venu l’accompagner ce samedi matin pour constater les dégâts. « J’ai juste l’envie de reprendre mon activité » explique Bastien. Il attend toujours de pouvoir accéder à sa boutique. Il sait déjà que tout son stock a été volé mais espère encore que ses machines et outils n’auront pas été dégradés. La priorité pour lui est désormais une intervention urgente de son assurance pour sécuriser ce qui reste de sa boutique et redémarrer au plus vite.
La bijouterie Meyer située au pied du Centre Bourse n’a pas résisté aux assauts des pilleurs. La sirène hurle encore ce matin, mais c’est vers minuit que ses grilles et vitres pourtant blindées ont fini par céder sous les coups. Une cinquantaine de jeunes, plus souvent adultes que mineurs se sont alors engouffré pour faire leur razzia.
A l’angle de la Canebière et de la Rue Saint-Ferréol, la ville a installé une tente pour recenser les commerces touchés cette nuit. Plusieurs élus de la ville sont présents sur place, dont Rebecca Bernardi l’adjointe en charge des commerces. L’heure est encore à la stupeur. On entend ici ou là des rumeurs de pillages encore en cours ce samedi matin et on s’étonne de l’absence de forces de l’ordre visibles.
L’objectif est d’abord d’écouter les commerçants, de comprendre leurs besoins et trouver des solutions avec les assurances ou la police pour les prochaines nuits. Un cahier permet de recenser les boutiques touchées. Elles étaient 50 dans la nuit de jeudi à vendredi indique Rebecca Bernardi. Ce chiffre sera largement plus important pour cette dernière nuit. Probablement des centaines, surtout si on compte les galeries commerciales des centres Grand Littoral, Merlan et Terrasses du Port eux aussi touchées.
Un numéro vert a également été mis en place par la ville, le 08 05 56 17 07, pour accompagner les commerçants touchés.
Parmi les solutions envisagées, celle d’un couvre-feu dès 20h demandé par Philippe KORCIA, le patron de l’UPE13 interrogé par France Bleu Provence. Cela permettrait à la police d’avoir davantage de pouvoirs pour verbaliser les personnes présentes à proximité des boutiques la nuit prochaine.
Au-delà des dommages physiques, il faut aussi accompagner les personnes. Commerçants et habitants sont très marqués ce samedi matin. Certains ont dû se barricader, défendre eux-même leurs immeubles ou commerces, et ont été confronté à des scènes de violences particulièrement choquantes. « Nous travaillons à l’installation d’une cellule psychologique » confirme Michèle Rubirola, première adjointe à la ville. Sophie CAMARD, la maire de secteur souligne l’importance de protéger les personnes, « c’est la priorité numéro une ». Expliquant qu’il sera toujours plus facile de réparer les dégâts matériels que sur les personnes.
Face à l’appel d’air engendré par les nombreux pillages de ces deux dernières nuits relayés en direct sur Tiktok et les difficultés rencontrées par les forces de l’ordre pour les contenir, les politiques et commerçants sont inquiets.
La préfecture va publier dans les prochaines heures un nouvel arrêté d'interdiction de manifestation, en complément des mesures d'interdiction d'artifices, vente à emporter de carburant dans des containers et objets pouvant servir d'armes par destination qui courent jusqu'à lundi matin.
La métropole va également reconduire l’arrêt prématuré des transports en commun dès 18 heures ce samedi. La ville de son côté a, à nouveau, demandé le retrait des vélos et trottinettes libre-service du centre-ville. Cette mesure n’a cependant pas été correctement respectée vendredi soir. Si la plupart des vélos avaient été retirés, de nombreuses trottinettes étaient toujours visibles.