Nuit noire, épais brouillard. Mais quel est donc l’événement qui a brisé le lien fusionnel existant entre ce frère et sa sœur ? Vingt ans après, les deux enfants devenus grands se retrouvent et déchirent, ensemble, le voile brumeux de leur mémoire.
En archéologue de la perception, Gisèle Vienne ne néglige aucune strate pour sonder les ruines minées de cette famille disloquée. Dialogues dépouillés, chorégraphies au ralenti, espaces visuel et sonore d’une sidérante beauté : la metteuse en scène orchestre une partition où le corps est maître au-delà du mot et impose le plateau comme le lieu d’une sensible transfiguration.
Dans le temps étiré et indéfini de la nuit, Adèle Haenel, Theo Livesey et Katia Petrowick se glissent avec brio dans ce geste théâtral total, nous guidant dans ses temporalités enchevêtrées, dans ses personnalités dédoublées jusqu’à aiguiser l’ensemble de nos sens et sensations. Vertigineuses créatures de cette démiurge à l’univers trouble et troublant. Dont on conserve un souvenir persistant.
DACM - Cie Gisèle Vienne
Infos/billetterie en ligne : www.lezef.org