En 1942-1943, alors que les Allemands occupent Paris, l’artiste et critique d’art Gertrude Stein décrit son quotidien en exil (à Culoz). Une évocation moins politique que personnelle de ces dures années de guerre qui lui donne l’occasion d’évoquer le quotidien des femmes, de se plonger dans une rêverie sur la pénurie de miel, de sucre et de beurre sans oublier quelques élans d’inspiration shakespearienne sur l’irrévocable récurrence de l’histoire et des conflits.
C’est sur cette intime matière littéraire que le compositeur Heiner Goebbels a choisi d’élaborer Chants des Guerres que j’ai vues (Opéra de Saint-Étienne). Mettant à profit sa vaste expérience du théâtre à la scène de concert, Goebbels s’aventure ici vers une pratique théâtrale audacieuse : faire des acteurs des instrumentistes eux-mêmes (ou plutôt elles-mêmes, car seules les femmes sont concernées) et leur faire dire les textes avec ce naturel si étudié qui rend l’art de Goebbels immédiatement reconnaissable.
A partir de 13 ans.