Dans cette fresque acrobatique et printanière mise en scène par Christian Lucas, la rudesse se prend les pieds dans la coquetterie et le genre se disloque comme les corps qui le portent. Les codes mâles et femelles sont comme des chaussures égarées.
Porté par la voix et le violon viscéral d’Iva, artiste Tchèque, le bestial s’entrechoque avec la superficialité, la violence avec la délicatesse. Le corps prend puis perd sa place, happé dans ce torrent identitaire absurde. On apprend à rire de notre bêtise humaine, on célèbre notre maladroite envie de danser joue contre joue. C’est une cathédrale de la petitesse, un palais en ruine du rôle, une ode à l’individualité et à la différence. C’est un pied de nez au regard de l’autre, une célébration de l’authenticité décalée.