Chloé Moglia n’a rien d’une circassienne à paillettes. Elle subjugue par la radicalité et la puissance de ses propositions et fait basculer le public dans une sorte d’apnée. Ici, le trapèze, les arts martiaux, les lois de la gravité, la philosophie de l’aléa définissent les axes d’écriture du spectacle : une déclinaison de lignes, de suspension et de traces. Trente mètres de fin cylindre d’acier reconfigurent l’espace, un territoire aérien, implacable, parcouru par 60 à 300 kilos de masse féminine vivante. La suspension déploie son intensité dans un espace marqué par le vide et dans un temps qui perd sa mesure. Peut-être qu’aujourd’hui l’exigence tiendrait à soustraire, plutôt qu’à garnir. Une prodigalité négative consisterait à offrir de la retenue, des intervalles de vide, du temps et de l’espace.