Bouleversant portrait d’un missionnaire belge au Congo, Mission aborde l’ère post-coloniale du point de vue de la foi et pose la question des absolus et de leurs dangers.
La pièce traque les survivances du colonialisme jusque dans ses plaies ouvertes en libérant la parole. Elle prolonge la pensée d’un humanisme fondé« sur le partage de ce qui nous différencie, en deçà des absolus.»
Mais qu’en est-il de cet en deçà en 2015 ? Une réplique du père André, magistralement interprété par Bruno Vanden Broecke, agit comme une secousse intellectuelle : « chaque jour, je comprends de moins en moins les viols, les ténèbres, l’angoisse.» Elle pose la question de ce que les hommes peuvent faire au nom de Dieu au xxie siècle. Et rappelle les valeurs communes du KVS et du Festival de Marseille pour qui, ainsi que le souligne Raven Ruëll, metteur en scène de la pièce, « L’Art doit toujours garder cette ambition : avoir la force de dire ce qui ne peut se formuler d’aucune autre manière.»